Wim Wenders place au dessus de Berlin deux anges. Ils observent les hommes avec suffisament de recul pour pouvoir avoir une vue d’ensemble et d’assez près pour pouvoir entendre et saisir leurs pensées les plus profondes. Un de ces anges va tomber amoureux d’une trapéziste, et renoncer à sa condition d’ange pour adopter celle des hommes. C’est un film méditatif sur la condition humaine, qui peut être une manière originale de commencer un cheminement philosophique : on l’a dit en cours, philosopher, c’est pour commencer se placer en retrait du monde, en observateur curieux, non pas pour dominer, mais pour mieux écouter, et pour tenter de trouver une vue d’ensemble. Ces deux anges ont cette place là dans notre monde, que ce soit en le surplombant du haut des monuments, ou en se fondant parmi les hommes, discrets observateurs lisant nos livres par dessus notre épaule, entendant nos voix intérieures, scrutant nos peurs et nos espoirs. C’est un film d’adultes, rempli des soucis qu’ont les adultes, du poids de leurs responsabilités, de leurs inquiétudes, mais c’est un film qui reste en permanence en lien avec l’enfance, d’abord parce que seuls les enfants voient ces deux anges observer la ville, mais aussi et surtout parce que la voix of du film revient sans cesse à l’enfance, temps du questionnement, moment où il s’agit de se placer dans ce monde, tout en l’observant, tout en étant assez curieux pour être à son écoute, et tout en devant choisir, quand le temps est venu, d’abandonner les ailes de l’innocence pour plonger dans cette vie adulte, et soucieuse.
Please follow and like us: