En effet, une erreur consisterait à confondre ce qu’on appelle « la langue » avec l’objet de notre étude. Une langue, c’est un système particulier de mots, un ensemble de mots, de codes fixés dans une société donnée, à un moment donné. En ce sens, un dictionnaire est le reflet de la langue à un moment donné. On peut dire que la langue est un produit social.
Le langage, lui, c’est la fonction générale de communication, fonction qui regroupe toutes les langues, aussi diverses soient-elles.
Mais une autre erreur serait de le confondre avec « la parole ». En effet, celle ci se définit comme un acte individuel par lequel s’effectue la fonction du langage. En quelque sorte, la parole a besoin de se prononcer pour exister, le langage lui n’en a pas besoin.
On peut donc le définir comme la faculté d’exprimer verbalement sa pensée. Par extension, il va désigner tous les systèmes de communication et de signes, que ce soient les différentes formes d’art, l’informatique ou l’usage de codes de manière générale.
Toujours est il que le langage dans la pratique se voit caractérisé par l’usage de signes, quelle que soit la forme que prennent ceux ci. Ici aussi, il faut faire une distinction : un signe n’est pas un symbole. Dans son « Esthétique », Hegel différencie nettement ces deux termes :
« Le symbole est d’abord un signe. Mais, dans le signe proprement dit, le rapport qui unit le signe à la chose est arbitraire (…) Il en est tout autrement du signe particulier qui constitue le symbole. Le lion, par exemple, sera employé comme symbole de la magnanimité; le renard, de la ruse; le cercle, comme symbole de l’éternité. Mais le lion, le renard possèdent en eux-mêmes les qualités dont ils doivent exprimer le sens (…) Ainsi, dans ces sortes de symboles, l’objet extérieur renferme déjà en lui-même le sens à la représentation duquel il est employé« .
Hegel, Esthétique
On pourrait prendre comme exemple la plupart des panneaux routiers. Si on considère le panneau indiquant les pistes cyclables, il est évident qu’il s’agit d’un symbole. Par contre, l’interdiction de stationner serait plutôt de l’ordre du signe, car il est totalement conventionnel, c’est à dire que si on ne se met pas d’accord avant sur son sens, sa forme ne permet pas de deviner ce qu’il signifie.
Il en va de même pour les mots : ceux ci ne correspondent à leur signification que par convention. Le mot voiture n’a aucun rapport avec une véritable voiture. Le son produit par le mot prononcé ne ressemble pas à celui que fait une voiture, son graphisme quand on l’écrit ne ressemble pas non plus à la forme que peut avoir une voiture. Il faut prendre garde à cela car par habitude on pense spontanément que les mots correspondent de manière nécessaire à ce qu’ils représentent, à tel point qu’on s’étonne de voir que d’autres ne nomment pas comme nous le faisons certains objets. Il suffit d’aller dans une boulangerie pour s’en convaincre en demandant un « pain au chocolat » là où cela s’appelle une « chocolatine ».