Heure H – 11

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Supplément

Veille d’épreuve, il est possible de sentir la pression nerveuse augmenter un peu. Généralement, on a l’impression de ne plus rien savoir, d’avoir les idées en désordre, de n’être absolument pas capable de passer l’épreuve, ou du moins de la réussir.

La tentation est alors forte de passer sa soirée à récupérer les données, un peu comme si notre esprit était un disque dur auquel on pourrait faire ingurgiter de manière massive des données, qui seraient disponibles dès le lendemain.

Mais justement, notre esprit n’est pas « tout à fait » un disque dur. Le programme de cette dernière soirée doit donc être plus orienté sur le repos que sur un travail forcené qui serait de toute façon peu rentable. Mieux vaut miser sur un sommeil suffisant, permettant d’avoir les idées claires, et sur une soirée vécue dans le recul par rapport aux révisions. Il est nécessaire en philosophie d’avoir du recul par rapport à ses propres connaissances, et toute nouvelle référence apprise aujourd’hui ne serait sans doute pas suffisamment digérée pour pouvoir être utilisée dès demain.

Dites vous juste que même si aujourd’hui vous n’en avez pas conscience, vous avez, puisque vous êtes en terminale (et quels que soient les moyens grâce auxquels vous y êtes parvenus) des connaissances. L’idéal serait qu’elles soient académiques (parce qu’elles seraient alors aisément partageables avec celui qui sera votre correcteur), mais en philosophie, on peut admettre que chaque expérience, en particulier si il s’agit d’expériences d’ordre culturel, peut avoir une portée philosophique. Mais pour que ce soit le cas, il faut qu’un recul ait été pris par rapport à cette expérience, ce qui réclame un minimum de réflexion, de retour sur ce qui est vécu. Certains pratiquent cela plus ou moins spontanément. Mais si vous ne vivez que la surface des choses, si vos expériences ne sont qu’une suite plus ou moins ininterrompue de sensations et de phénomènes qui ne suscitent jamais le moindre étonnement, et si les cours n’ont provoqué aucune mémorisation, alors il est possible que demain, vous soyez légèrement pris au dépourvu. Mais a priori, ce n’est pas le cas. Sur les trois sujets, vous devriez donc en trouver au moins un qui fasse appel à des éléments de connaissances et de réflexion dont vous êtes porteur. Dès lors, de la même manière qu’un surfeur ne peut pas deviner quelle vague va le porter, vous ne savez pas encore quel sujet va porter votre réflexion demain. Mais le surfeur aborde sa vague, riche de toutes les vagues précédentes, avec en lui un stock immense de petites expériences de glisse, qui lui permettent de vivre cette nouvelle vague en s’y adaptant en permanence. Identiquement, vous allez aborder ce sujet avec tout ce que vous avez en vous d’expériences et de connaissances. N’oubliez simplement pas que c’est la vague qui porte le surfeur, et que c’est à lui de s’adapter à ses spécificités, qui doivent avoir été repérées avec précision. Il en va de même pour le sujet, dont vous devrez avoir bien saisi comment il va porter votre réflexion. Une fois cela bien repéré, ce sera à vous de montrer tout votre savoir faire.

Ce soir, laissez donc tout ce que vous avez ingurgité ces derniers mois (ces dernières semaines (ces derniers jours ?)?) décanter. Comme la pâte à pain, il faut que ça repose un peu avant l’usage.

Alors ce soir, pas de nouveaux contenus au programme sur le blog. On se contentera de ce qui a été déjà vu et digéré.

Par contre, pour se détendre, un nouveau fichier son dans le radioblog. J’avais déjà mis en ligne un « épisode » de l’émission Panique au Mangin Palace, sur le thème « Tu es psychanalyse ». Voici ce soir un épisode davantage de circonstance : « Tu es baccalauréat« . Rien de très très sérieux, juste une promenade un peu insouciante dans une soirée qui peut être vécue de manière un peu crispée. Le fichier est numéroté 5.01 dans la playlist.

Demain, je m’attaquerai aux sujets, puisque nous les connaitrons enfin. Mais demain soir, à la même heure, il sera temps de penser à la philosophie non plus en tant que discipline du baccalauréat, mais en tant que véritable loisir (même si le mot n’est pas à la mode, particulièrement au sens où nous l’entendons aujourd’hui, mais je vous renvoie quelques articles plus haut pour en saisir pourquoi le loisir est primordial).

Sur ce, pour ceux qui demain vont se pencher sur un sujet, on ne souhaitera certainement pas bonne chance, car la chance est là pour fort peu de choses, mais bon courage, car il en faudra certainement un peu.

En illustration : la couverture du supplément que propose Philosophie Magazine ce mois ci, à l’occasion du baccalauréat. On y retrouve des conseils conformes à ceux qui ont été donnés en cours (c’est plutôt rassurant). Je ne livre ici aucune page de ce magazine, parce que la presse est en crise, et que ce magazine est assez intéressant, réussissant le trop rare exploit en philosophie d’être exigeant sans être pédant. Il est un peu tard pour vous le procurer dans l’optique de l’examen, mais il est encore temps de devenir lecteur de ce journal.

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