[MEDIA=13]
L’apparition de la philosophie en terminale donne lieu, avant que la rentrée soit passée, à une certaine attente : matière nouvelle, pas de lacunes préalables, pas de mauvais résultats l’année précédente, et une discipline qui promet d’aborder des questions a priori intéressantes. Mais la lune de miel dure généralement peu de temps : les contraintes scolaires apparaissent et ramènent vite ces cours qu’on pensait un peu « décalés » vers la norme des autres cours : il y a des cours à suivre, des connaissances à apprendre, des exercices à effectuer, des efforts à fournir. De plus, la difficulté de la matière rend l’apprentissage ardu, et certains élèves passent la plus grande partie des cours à ne rien comprendre à ce qui s’y dit, à moins qu’on ne dégrade le cours à n’être plus qu’une longue expression d’opinions personnelles qui n’aurait rien à voir avec la matière censée être enseignée.
En somme, l’état de grâce dont bénéficie le professeur de philosophie s’appuie sur un malentendu, que les réalités du programme et la préparation à l’épreuve de fin d’année dissipent vite.
Pour autant, tout espoir n’est pas perdu : derrière ces efforts, ces évaluations, ces échecs, se trouve peut être quelque chose de sensé, et non une absurdité disciplinaire de plus. Ainsi, si on ne peut promettre aux élèves qu’ils ne souffriront pas dans cette matière, et qu’ils réussiront sans efforts l’épreuve de fin d’année, on peut néanmoins garder l’espoir que tous ces efforts ne soient pas pratiqués en vain. Et si cet espoir existe, il va sans dire qu’il doit évidemment animer les élèves, mais qu’il est souhaitable qu’il habite aussi les professeurs.
Voici donc un reportage radio sur la présence au lycée de la philosophie, sur les difficultés qu’un tel enseignement suscite, tant chez les élèves que chez les enseignants, et sur la difficile rencontre des uns et des autres. Témoignage d’une certaine désillusion que les élèves ne vivent qu’une fois dans leur vie tandis qu’elle est répétée chaque année pour les professeurs. Témoignage aussi d’un certain chemin qui se trace entre les uns et les autres, dont on peut espérer qu’il débouche finalement sur une pensée pratiquée en commun.
Beaucoup de points sont abordés, beaucoup de témoignages approfondis viennent éclairer cette rencontre un peu particulière qui peut avoir lieu, avec un peu de chances, dans le cadre de la classe de philosophie de terminale. Ca tombe à point, au moment où apparaissent les premiers échecs, les premiers reproches pour lacunes accumulées et manque de travail. L’écoute de cette heure de reportage permet de prendre un peu de recul et de se rappeler pourquoi on vient en cours, de chaque côté du bureau.
bonjour
est-il possible de télécharger les documents sonores que vous proposez sur votre site et commente faire? merci
e.C.
Malheureusement, pour le moment, ça n’est pas possible, et je suis conscient que ça condamne l’auditeur à rester posé devant son ordinateur, chose que moi même je trouverais tout à fait insupportable, préférant de loin écouter ça en « baladodiffusion » (il paraît que c’est le mot officiel pour ce genre de pratique).
Mais j’y travaille, il est donc possible que dans un futur pas trop trop éloigné, ce soit faisable !
Bonsoir,
je suis tombé sur le site par hasard en effet , mais non point par erreur car j’y découvre tout un travail passionnant. Un simple » Bravo » donc, de la part d’un collègue.
Je ne puis qu’être reconnaissant pour ces encouragements, et ce d’autant plus que je me demande parfois si les biais pédagogiques que j’utilise ne déforment pas un peu la pratique « idéale » de la philosophie. Merci donc de me rassurer un peu !