Je prendrai le temps, cette année, de passer en revue, peu à peu, l’ensemble des sujets posés au baccalauréat en cette saison de Juin 2010. Honneur à la filière ES, pour commencer, pour des raisons que j’évoquerai dans les lignes qui suivent.
Je ne propose ici que l’analyse préalable du premier sujet qui a été proposé aux élèves. Le rédiger réclamera que je sois un peu au calme. Mais à partir de ces quelques éléments, il sera possible aux plus malins de cerner où on pouvait mener cette question. Dans les jours qui viennent je mettrai en ligne des développements possibles (qui ne seront pas, je le mentionnerai à chaque fois), des corrigés « type ».
Commençons donc par ce premier sujet :
Une vérité scientifique peut-elle être dangereuse ?
08h10, le jour J. Les sujets sont distribués, les professeurs de philosophie de l’établissement tiennent un conciliabule le plus silencieux possible dans le couloir du lycée afin de commenter les sujets millésime 2010. A la découverte de ce que l’examen réserve cette année aux élèves de série ES, le sang de l’équipe pédagogique ne fait qu’un tour, puis se fige, comme si tout le métabolisme se refusait à permettre au corps de demeurer suffisamment vivant pour tenir jusqu’à midi, heure à laquelle il faudra bien croiser les élèves sortis de ces quatre heures qui n’auront que rarement aussi bien porté le nom d’« épreuve ».
Ce premier sujet est un joli piège, car associant « science » et « danger », il attire irrémédiablement les âmes perdues vers le précipice de l’association d’idées « science = technique « donc » danger = danger technique ». On parie dès 8h15 sur des piles de copies entièrement constituées d’exemples édifiants sur la Bombe atomique, le clonage, les OGM, etc.
Le sujet est-il infaisable pour autant ? Certainement pas. Mais pour l’aborder, il convient de l’analyser finement pour en dégager la véritable question.
La question porte sur la vérité scientifique. Cette vérité s’énonçant nécessairement sous la forme de théories, ou plus largement de discours, on pourra s’interroger sur la place et les conséquences du discours scientifique, ce qui permettra d’évaluer les dangers liés à cette place, dont on sait bien, même si on n’a pas eu de cours à ce sujet, qu’elle constitue un pouvoir considérable, tant sur la matière que sur les hommes.
Mais la question ne se pose pas sous la forme « la connaissance scientifique peut elle être dangereuse ? » mais sous une forme plus étrange, et difficile à appréhender : « UNE VERITE SCIENTIFIQUE peut elle être dangereuse ? ». L’usage de l’article indéfini « une » signale que la vérité évoquée (la vérité scientifique) n’est qu’un genre parmi d’autres, ce qui suppose qu’on se demande quels autres genres de vérités peuvent être conçus. Surtout, la question prend alors un sens particulier, puisqu’elle demande si une vérité qui ne serait conçue que sous la forme, supposément réductrice, de la vérité scientifique, pourrait être dangereuse. Ici, c’est bien la vérité qui est en question, puisqu’il s’agit de se demander quels régimes de vérité, autres que la science, pourrait sauver la vérité.
Dès lors, la question pourrait être reformulée de la manière suivante : Y a-t-il un danger à voir la vérité conçue exclusivement sur le modèle scientifique ?
La question porte donc moins sur la science que sur la vérité scientifique. On le verra, tout le talent du candidat devra être concentré sur la distinction entre ces deux notions, car précisément, comme le montrera l’introduction, c’est la réduction de la vérité à sa seule conception scientifique qui pose ici problème, et pas seulement le caractère dangereux des techniques issues de la connaissance scientifique. Cette dernière question doit-elle être pour autant évacuée ? Non : vous le verrez dans le prochain article (le temps que je rédige tout ça), on peut rebondir sur ce point pour, d’une part, blanchir la science des soupçons de dangerosité liés à sa mise en application technique tout en interrogeant les dangers culturels qui lui sont directement liés.
D’un certain point de vue, ce sujet est donc un piège dont on peut craindre par avance qu’il ait été efficace. D’un autre point de vue, il permet de faire le tri entre des candidats qui prennent le temps de mener une véritable analyse du sujet (dont on voit qu’elle s’appuie jusque là assez peu sur des éléments appris en cours, cela n’interviendra que dans un second temps) et ceux qui se fient à une soi-disant inspiration provoquée par « l’ambiance » régnant autour des mots du sujet. Dans le fond, même si elle risque d’être cruelle, une telle sélection n’est pas tout à fait inutile, puisqu’elle permet de distinguer ceux qui ont compris comment on pose un problème, condition nécessaire à toute réflexion philosophique.
Cet article me rassure un peu, j’ai pris ce sujet…
Et effectivement, j’ai parlé de la technique ( –‘ ) mais pas seulement…
Dans ma première partie, j’ai aussi abordé la distinction entre « une vérité » et « la vérité », avec comme exemple les théories raciales des nazis
J’ai aussi parlé de la religion et de la censure (la terre tourne autour du soleil, Galilée et compagnie)
Enfin j’ai quand même largement étalé ma partie sur la technique
Dans ma seconde partie « Une vérité scientifique ne peut être dangereuse »
J’ai expliqué qu’une vérité ne constituait pas un danger en temps que telle mais c’est l’utilisation qu’on en fait qui constitue un danger
J’ai parlé du « progrès technique » en insistant bien sur la notion de progrès
J’ai parlé de « la vérité », et j’ai dit qu’elle balayait les préjugés.
Dans ma synthèse j’ai parlé quasiment exclusivement de la science et non des vérités scientifiques ><
Bon, jpense pas que ça vaut plus de 8, vu qu'une grosse partie est HS, mais on va essayer de se rattraper dans les autres matières.