Parmi ceux qui auront vu chez Hitchcock davantage qu’un narrateur génial, Gilles Deleuze figure en bonne place. Grand amateur de cinéma, mais surtout analyste pointu de ce qui se passe à l’écran, les pages que Deleuze consacre au 7ème art sont à elle seules une confirmation de la pertinence de sa pensée. Là où ne voyons que des images, Deleuze dresse, lui toute une typologie d’images, affect, percep, concept, action, et mentale chez Hitchcock, et ce afin de tracer comme une carte du territoire de la pensée, dont le cinéma serait un des satellites d’observation possibles.
Les pages qui suivent ne sont pas simples. Mais Deleuze gagne beaucoup à être lu sans être compris. A vrai dire, un philosophe qu’on comprend du premier coup mérite qu’on s’en méfie. C’est un territoire de pensée qui nous est étranger, qu’on commence tout juste à explorer, dont toutes les ressources ne sont pas encore exploitées. Il est normal qu’on s’y sente un peu comme sur un terrain en friche. C’est juste que puisqu’on est soi même en pleine réflexion (sinon, à quoi bon lire de la philosophie ?), c’est notre propre pensée qui est en chantier, encore désordonnée. Ces textes réclament donc méditation. Je les livre tout en étant conscient de leur légère inaccessibilité. Qu’on ne s’inquiète donc pas pour sa propre santé mentale si on ne les comprend pas bien !
L’extrait qui suit est tiré de l’ouvrage de Deleuze intitulé Cinéma 1 – L’image-Mouvement, dernier chapitre : La crise de l’image-action :