Imitation of life, suite.
Comme il est hors de question de dévoiler la scène finale du film (en parler, oui, on l’a fait avec Serge Daney, mais la montrer, c’est autre chose), on peut tout de même se rabattre sur le magnifique générique de début du film, porté par la voix d’Earl Grant sur, justement, Imitation of life. La chanson dresse déjà le programme du film, même si d’une certaine manière, elle en cache l’essentiel (mais c’est tout le talent des films de Sirk, que d’emballer dans une espèce de papier cadeau kitsch ce qui ne peut, alors, être montré frontalement. Derrière le charme discret de la bourgeoisie transpire ce qui ne se montre pas, ce qui ne se dit pas, ce qui ne saurait être regardé. Mais ce faisant, le décor bourgeois avec ses mises en scène au millimètre devient toc, trompe-l’oeil, camouflage qui révèle autant qu’il montre. A strictement parler, c’est là la définition exacte du cinéma : faire écran, c’est à dire montrer quelque chose, et le voiler simultanément. Voiler d’images en somme.
Ainsi la pluie de diamants de l’introduction de Mirage de la vie (1959). Diamants superflus sur des paroles essentielles, cache misère :
what is love without the giving,
without love you’re only living an imitation,
an imitation, of life.
skies above in flaming color without
love they’re so much duller,
a false creation an imitation of life.
would the song of a lark sound half as sweet
would the moon be as bright above.
every day would be grey and incomplete
without the one you love.
lips that kiss can tell you clearly
without this our lives are merely
an imitation an imitation of life.
Télescopage de paroles pour le titre, les fans de James Bond, ou de Shirley Bassey (qui sont souvent les mêmes), auront reconnu un passage de Diamonds are Forever.