Dernière répétition générale avant la grande première : on passe le baccalauréat un peu en avance sur l’hexagone, au lycée franco-libanais de Beyrouth. Vendredi, c’était l’ouverture du bal, avec l’épreuve de philosophie, qui permet de se confronter à de nouveaux sujets, que voici :
Série littéraire :
Sujet n°1 :
L’hypothèse de l’inconscient est elle nécessaire à la connaissance de soi ?
Sujet n°2 :
De quoi l’expérience nous instruit elle ?
Sujet n°3 :
Expliquer le texte suivant :
« Tous les ouvrages de l’art ont des règles générales, qui sont des guides qu’il ne faut jamais perdre de vue. Mais comme les lois sont toujours justes dans leur être général, mais presque toujours injustes dans l’application ; de même les règles, toujours vraies dans la théorie, peuvent devenir fausses dans l’hypothèse(1). Les peintres et les sculpteurs ont établi les proportions qu’il faut donner au corps humain, et ont pris pour mesure commune la longueur de la face ; mais il faut qu’ils violent à chaque instant les proportions, à cause des différentes attitudes dans lesquelles il faut qu’ils mettent les corps : par exemple, un bras tendu est bien plus long que celui qui ne l’est pas. Personne n’a jamais plus connu l’art que Michel-Ange ; personne ne s’en est joué davantage. Il y a peu de ses ouvrages d’architecture où les proportions soient exactement gardées ; mais, avec une connaissance exacte de tout ce qui peut faire plaisir, il semblait qu’il eût un art à part pour chaque ouvrage.
Quoique chaque effet dépende d’une cause générale, il s’y mêle tant d’autres causes particulières, que chaque effet a, en quelque façon, une cause à part. Ainsi l’art donne les règles, et le goût les exceptions ; le goût nous découvre en quelles occasions l’art doit soumettre (2), et en quelles occasions il doit être soumis. »
Montesquieu, Essai sur le goût, « Des règles », 1757
(1) « hypothèse » : ce mot désigne ici une idée destinée à s’appliquer à un cas particulier
(2) en quelles occasions les règles de l’art doivent prévaloir
Série ES :
Sujet n°1 :
Parle t-on seulement pour être compris ?
Sujet n°2 :
Peut-on ne pas connaître son bonheur ?
Sujet n°3 :
Expliquer ce texte :
« La société (…) est la source et le lieu de tous les biens intellectuels qui constituent la civilisation. C’est de la société que nous vient tout l’essentiel de notre vie mentale. Notre raison individuelle est et vaut ce que vaut cette raison collective et impersonnelle qu’est la science, qui est une chose sociale au premier chef et par la manière dont elle se fait et par la manière dont elle se conserve. Nos facultés esthétiques, la finesse de notre goût dépendent de ce qu’est l’art, chose sociale au même titre. C’est à la société que nous devons notre empire sur les choses qui fait partie de notre grandeur. C’est elle qui nous affranchit de la nature. N’est-il pas naturel dès lors que nous nous la représentions comme un être psychique supérieur à celui que nous sommes et d’où ce dernier émane ? Par suite, on s’explique que, quand elle réclame de nous ces sacrifices petits ou grands qui forment la trame de la vie morale, nous nous inclinions devant elle avec déférence.
Le croyant s’incline devant Dieu, parce que c’est de Dieu qu’il croit tenir l’être, et particulièrement son être mental, son âme. Nous avons les mêmes raisons d’éprouver ce sentiment pour la collectivité. »
Durkheim, Sociologie et philosophie.
Série S :
Sujet n°1 :
La connaissance scientifique ne repose t elle que sur l’observation ?
Sujet n°2 :
Pour gouverner, faut-il nécessairement sacrifier les intérêts particuliers ?
Sujet n°3 :
Expliquer le texte suivant :
» [L’art] nous procure (…) l’expérience de la vie réelle, nous transporte dans des situations que notre expérience personnelle ne nous fait pas, et ne nous fera peut-être jamais connaître : les expériences des personnes qu’il représente, et, grâce à la part que nous prenons à ce qui arrive à ces personnes, nous devenons capables de ressentir plus profondément ce qui se passe en nous-mêmes. D’une façon générale, le but de l’art consiste à rendre accessible à l’intuition ce qui existe dans l’esprit humain, la vérité que l’homme abrite dans son esprit, ce qui remue la poitrine humaine et agite l’esprit humain. C’est ce que l’art a pour tâche de représenter, et il le fait au moyen de l’apparence qui, comme telle, nous est indifférente, dès l’instant où elle sert à éveiller en nous le sentiment et la conscience de quelque chose de plus élevé. C’est ainsi que l’art renseigne sur l’humain, éveille des sentiments endormis, nous met en présence des vrais intérêts de l’esprit. Nous voyons ainsi que l’art agit en remuant, dans leur profondeur, leur richesse et leur variété, tous les sentiments qui s’agitent dans l’âme humaine, et en intégrant dans le champ de notre expérience ce qui se pas se dans les régions intimes de cette âme. « Rien de ce qui est humain ne m’est étranger » : telle est la devise qu’on peut appliquer à l’art.”
Hegel, Esthétique.
Et alors, quid d’avoir 17 ans à Londres ? Charle de Gaulle (puisqu’on en parle…) a donné à ses élèves les épreuves de philo hier !
Je sais que pour les L, un des sujets était : « Le savant doit-il fuir l’incertitude ? »
Merci pour l’information. A vrai dire, je ne savais même pas que Londres anticipait aussi le baccalaureat. Malheureusement, pour le moment, j en’ai pas encore pu récupérer ces sujets. En revanche, ça m’a permis de tomber sur ceux qui ont été proposés en Polynésie.