Paris ne vit plus la nuit, paraît-il. Exception faite, peut-être de la nuit blanche à laquelle les parisiens et franciliens sont conviés, chaque année depuis dix ans, lors du premier week-end d’Octobre.
Tous les ans, j’encourage mes élèves et lecteurs à profiter de cette nuit pour aller à la rencontre de l’art contemporain sans s’embarrasser du cérémonial parfois intimidant des musées, dans une ambiance qui installe l’art à portée de tous, en développe le caractère « partagé » sans interdire pour autant telle ou telle rencontre appelant au recueillement ou à la contemplation. Les oeuvres sont lâchées dans la nature et c’est l’occasion ou jamais de les rencontrer sans intermédiaire et de leur permettre de produire leurs effets. Ou pas.
Il y a tellement de propositions qu’on aurait du mal à en sélectionner quelques unes. L’idée de la nuit blanche semble plutôt de susciter des errances urbaines sans véritable programme établi. Il s’agit de rencontres, de hasards, d’heureux croisements de trajectoires, tant avec les œuvres, les artistes qu’avec les autres noctambules. Pour une nuit, la ville est plutôt conviviale, preuve que soigner l’espace public, rassembler des inconnus autour de biens communs installés là gratuitement, partager des expériences participe à constituer un « vivre ensemble » (parce que pour une fois, on propose une réponse ouverte à la question « vivre ensemble, d’accord, mais quoi ?)
Il y en a pour tous les goûts, du politique (Trackers, installation de Rafaël Lozano-Hemmer à la Gaieté lyrique (un lieu qu’on conseillerait ardemment aux élèves d’aller découvrir), The Grand Finale, video de Karmelo Bermejo articulée autour du mot « récession » (la crise s’invite dans l’art) au lycée Chaptal, La concentration des services, installation de Julien Berthier sur le Terre-plein du métro Anvers), du portrait (Le Réveil de la fille, projection de Jean-Christophe Choblet, Thierry Payet et Valérie Thomas à la galerie W), de l’exploration urbaine (Fermé au public, installations d’Elisatbeth Czihak, Florimond Dupont et Ben Sandler à la galerie Jeune Création), des stars (Girls Tricky, video de Steve McQueen à la Cigale, Demain le ciel sera rouge, installation de Christian Boltanski au Théâtre de l’Atelier, Henry Rebel Drawing, installation video de Douglas Gordon mettant en scène henry Hooper (que connaissent ceux qui ont vu Restless, de Gus Van Sant) à la Machine), des propositions plastiques (Caténaires, sculpture en parpaings de Vincent Gavinet à la Bibliothèque historique de la ville de Paris, Chaos, installation de Szajner, au Square du Temple) ou musicales (le Cabaret contemporain à la mairie du 3ème arrondissement, Solitude-Silence, video et performance musicale de Thomas Bjelkeborn et Michael Larsson à l’Institut suédois, Minimal mix, performance musicale de Rhys Chatham et Joseph Ghosn au collège des Bernardins), etc.
Aucune promesse de satisfaction, aucune garantie de faire, cette nuit là, une rencontre essentielle. Mais des pistes qui s’ouvrent, sans doute, des portes à entrouvrir, des univers à scruter sous les étoiles, et un retour au petit matin, pour se coucher à l’heure où, d’habitude Paris, s’éveille.
Le programme de la Nuit blanche se trouve ici :
http://nuitblanche.paris.fr/pdf/NuitBlanche_Programme_2011.pdf
Le site présentant le dispositif est à cette adresse :
http://nuitblanche.paris.fr/