Tous les matins du lundi au jeudi (donc, pas tout à fait tous les matins), sur le Mouv’, dont on rappelle que c’est la déclinaison « jeune » de Radio France, à 7h32 très exactement, la parenthèse intitulée « Façon de penser » apporte le ptit déj’ au lit. La pensée peut recevoir, en pyjama, le cheveu en bataille, l’haleine pas très fraîche, les deux protagonistes, Gilles Vervisch et Thibault de Saint-Maurice, pour une petite mise en jambe des neurones. C’est rapide (moins de cinq minutes) et malin, et c’est bien plus intéressant qu’un simple pis-aller qui ne permettrait que de sauver les meubles de la réflexion, parce qu’à l’inverse des propositions démagogiques qui promettent d’obtenir une bonne note au bac’ en condensant les quelques « trucs » à savoir en une poignée de pages, on pratique ici la philosophie de façon gratuite, ludique, curieuse, et pourtant méthodique. Et comme par magie, comme on la pratique vraiment, on se prépare en douce à la version plus intéressée de la pratique philosophique que constitue l’examen de fin d’année.
S’il paraît qu’il faut se méfier de l’actualité, pourtant, les amis Ricoré de la cogitation matinale appuient chaque émission sur un fait plus ou moins important ayant marqué l’actualité récente. Tout y passe, des vicissitudes politiques du moment au dernier match de foot, en passant par telle ou telle expo, concert, expression subitement répétée par le monde entier. Mais si le propos demeure méthodique malgré cet enracinement dans l’anecdotique, c’est qu’il s’agit toujours de faire émerger un problème, qui est à la philosophie ce que le croissant au beurre est au petit déjeuner continental. A partir de ce moment, le plus souvent, se déroule ce qu’on appellerait, en classe, un développement qui permet d’envisager la question de départ sous des angles différents, dont Amaëlle Guiton, en charge de la présentation du 7-8 du Mouv’, fournit les objections qui sont autant de transitions entre les parties. Bref, ça cogite, on y trouve des références qui, évidemment, ne peuvent être qu’évoquées en si peu de temps, mais c’est une invitation à aller les découvrir davantage dans des anthologies ou, mieux, dans leurs oeuvres, et puisque c’est solidement structuré, on charpente peu à peu sa propre réflexion sans même avoir l’impression de faire vraiment un effort.
Pour ceux qui, à 7h32, reposent encore dans les bras de Morphée, évidemment, on peut podcaster tout ça.
La page de l’émission, c’est par ici : http://www.lemouv.fr/emission-facon-de-penser
Et pour podcaster, c’est par là : http://radiofrance-podcast.net/podcast09/rss_12187.xml
Enfin, on ne saurait trop conseiller de fureter dans les librairies et sur le net pour plonger dans les publications de Gilles Vervisch et Thibault de Saint-Maurice.
Et, oui, ce billet est « nominé » pour le César du pire titre de billet de l’année (et en ce qui concerne le mot « nominé », allez faire un tour dans le dico des mots qui n’existent pas et qu’on utilise quand même, du même Gilles Vervisch, vous y trouverez votre bonheur lexical).