Toute fin a été précédée d’un commencement – Ouvrir les yeux

In 24 fois la vérité par seconde, Artavazd Pelechian, Bonus
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Dernier partage, avec mes élèves de seconde (mais les autres ont le droit de jeter un oeil par dessus leur épaule, pour découvrir à leur tour ce secret bien gardé) : voici le dernier court métrage projeté en classe, à propos duquel nous avons eu le temps de partager quelques mots. Vie) 1993, constitue avec La Fin, un diptyque; comme les deux côtés d’une même médaille, qui ne vont pas l’un, sans l’autre, mais ne peuvent se rencontrer ni se voir. 

La grande différence entre ce film et les autres films de Pelechian, au premier abord, c’est la couleur évidemment. Peut être aussi est-on frappé par la sérénité dans laquelle semble baigner le film, sérénité Vie - Pelechianqui est sans doute le fruit de la grande beauté des plans auquel le réalisateur accorde un montage apaisé, laissant chaque plan se développer suffisamment pour qu’on puisse le contempler comme on le ferait face à un portrait photographique, ou un tableau. Et pourtant, les thèmes de prédilection de Pelechian sont là, irrémédiablement : le temps qui passe en particulier, et ce dès que la naissance est accomplie, raison pour laquelle ce sont immédiatement des enfants plus âgés qui sont présentés, avec celle qui les a mis au monde, face caméra, image fixe sur laquelle, d’ailleurs se déroulera le générique final, c’est à dire, sa fin. Le montage sonore ne va pas sans produire quelques effets paradoxaux : le battement du coeur fait évidemment écho au bruit du train de La Fin. Et la musique choisie par Pelechian, très étrangement, mais cela participe évidemment à la beauté de ce film, est un extrait du Requiem de Verdi, oeuvre musicale qui nous entraîne déjà vers la mort, vers la disparition, quand bien même il n’est pas innocent que le mouvement choisi soit l’Offertoire de ce Requiem. Ajoutons enfin qu’un autre paradoxe de ce montage se tient dans l’ambiguïté de certains plans, dont il n’est pas évident à première vue qu’ils appartiennent à des plans filmés lors d’une venue au monde. Une des raisons de ce doute, c’est peut-être que rarement une nativité aura été filmée de façon aussi peu clinique, laissant toute l’intensité, la puissance sereine de ce moment transparaître à travers le regard des mères, dont on aura jamais été aussi proche. C’est, aussi, ce qui participe à la spécificité de ce film, et à sa très grande beauté.

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