Si certains, en lisant l’article précédent, se sont avoué intérieurement avoir quelques lacunes dans le domaine du design, ne voyant absolument pas à quoi peut ressembler le Eames Lounge (670), voici un petit cours de rattrapage :
Vous voila rassuré : en fait, vous connaissiez.
S’il n’y a qu’un seul fauteuil à connaître dans l’histoire du fauteuil, c’est celui-ci. Peut être même que, s’il n’y a qu’un seul objet à connaître dans l’histoire du design, c’est aussi celui-ci, même si la concurrence, en ce domaine, est rude. Pourquoi ? Peut-être parce que, précisément, il semble ne pas avoir de pourquoi. Il est. Et en soi, c’est suffisant.
Au-delà de la volonté de ses créateurs de lui donner l’aspect d’un gant de baseball usé (qu’il ne mime pas, qu’il ne représente surtout pas, qu’il n’imite en rien, il se contente de lui être lié), au-delà de son évident confort, pour les yeux comme pour d’autres parties du corps humain qu’il est censé accueillir, il a la beauté de l’évidence, et il semble né pour être installé avec, à ses côtés, son compagnon Ottoman (671), sur lequel les pieds du monde entier rêvent de reposer en paix.
Oui, les cinémas sont remplis de pâles ersatz de ce fauteuil. Est-il utile de dire qu’évidemment, ils ne lui arrivent pas à la cheville.
Séance tenante, c’est dans ce siège qu’il nous sied de poser notre séant.
On devrait davantage étudier les objets que le design crée, car c’est une autre voie pour cheminer vers les concepts, dont ils sont les descendants directs.