Je ne saurais trop conseiller de suivre le fil des publications, des conférences, des interventions sur les réseaux sociaux, de Pacôme Thiellement. Parce que ses propositions, ses interprétations sont stimulantes; mais aussi pour ses références, toujours passionnantes. J’ai toujours l’impression que lorsque Jimmy Page chante « There’s a feeling I get, when I look to the west », et quand Pacôme Thiellement nous aide à tourner nos regards vers l’Est, c’est, selon deux perspectives inversées, la même ligne d’horizon que nous fixons. On ne comprend pas toujours, on a parfois du mal à suivre, mais on sait toujours qu’on va voyager, que la pensée va s’affranchir des racines qui lui pèsent et l’empêchent, qu’on va avoir de l’élan.
Récemment, j’ai croisé grâce à lui le travail poétique de René Daumal, cet auteur dont je ne connaissais jusque là que son Mont analogue. Je partage ici le texte qui m’a donné le plus envie de découvrir son oeuvre. C’est aussi une condensation puissante de ces enchaînements de pensée qui peuvent parfois nous traverser l’esprit :
« Je suis mort parce que je n’ai pas le désir ;
Je n’ai pas le désir parce que je crois posséder ;
Je crois posséder parce que je n’essaie pas de donner ;
Essayant de donner, je vois que je n’ai rien ;
Voyant que je n’ai rien, j’essaie de me donner ;
Essayant de me donner, je vois que je ne suis rien ;
Voyant que je ne suis rien, j’essaie de devenir ;
Essayant de devenir, je vis. »
René Daumal; Contre-ciel – Clavicules d’un grand jeu poétique – Gallimard