On peut en parcourir, en vingt minutes, des territoires de la pensée. La durée télévisuelle n’est pas tout à fait la même que celle que nous connaissons en cours. Le talent de cette émission, c’est de rendre vivante une pensée qui, au moment où elle est mise en scène, n’est plus en mouvement. C’est d’ailleurs une bonne manière de comprendre ce qu’est une dissertation, ou un dialogue platonicien : c’est une mise en scène d’une pensée qui a déjà eu lieu. C’est pour cette raison que l’épreuve dure quatre heures : le temps de réflexion préalable doit y être long, tout comme la réflexion qui permet de tourner cette émission fût bien plus longue que ce que dure l’émission elle-même.
Le grand intérêt visuel de cette série d’émission, c’est d’incarner par le mouvement de la caméra et des protagonistes le mouvement de la réflexion elle-même. Le principe est simple : un lieu = une partie. Ainsi, sans même avoir à s’en rendre compte, à chaque fois qu’on voit Raphaël Enthoven et son interlocuteur se déplacer, on sait qu’on est en phase de transition entre une partie de leur démonstration et la partie suivante. A l’intérieur de chaque lieu, l’alternance des répliques, qui sont toujours développées, déroulées en plusieurs phrases, annonçant ce qu’il va s’agir de mettre en évidence, s’appuyant sur un exemple précis, analysant tel ou tel document, chaque prise de parole consiste en l’équivalent de ce que serait, dans une dissertation, un paragraphe. Chaque intervention suscite la suivante, et le tout progresse très logiquement vers un discours commun qui peut être tenu à la fin. Observez comment à la fin, on retrouve les termes du début, à ceci près qu’au début on les utilise pour poser un problème, et à la fin on les retrouve dans une réponse.
Ici, c’est de circonstance étant données les révisions que certains doivent effectuer aujourd’hui même (on sait que vous vous y prenez au dernier moment !), il s’agit du désir. Vous allez retrouver des considérations que nous avons partagées en cours, avec d’autres illustrations, certes, mais ce qui compte, c’est la forme conceptuelle qu’on peut retrouver à travers des exemples extrêmement différents les uns des autres. Vous allez surtout retrouver des concepts et des formes jouant dans une démarche organisée afin de répondre à un problème qui est posé d’emblée : doit-on considérer le désir comme un manque, et dès lors une souffrance dont on sent bien qu’elle ne serait jamais atténuée, parce qu’elle se déplacerait ? Ou bien faut-il plutôt considérer le désir comme une force qui enrichit celui qui en est habité, ou animé ?
Voici la façon dont ce problème est débattu (NB : sur les terminaux android, mettez le doigt sur l’image ci-dessous, ça devrait lancer la viéeo) :
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=UxxM7fhBDAo[/youtube]