Puisque décidément nous n’avons pas souvent cours ces jours ci, voici de nouveau de quoi alimenter un peu la réflexion, à propos de problèmes que nous avons traité un peu plus tôt dans l’année.
Ce qui suit permettra aussi à ceux qui, quotidiennement, se demandent à quoi sert ce qu’ils font, à ceux qui souffrent parfois ou souvent, du sentiment que leur action, au boulot, est absurde, que c’est quelque chose qu’ils font parce qu’il faut bien « vivre », ce qui suit, donc, pourrait leur permettre de trouver un peu plus de sens au travail qui est le leur, quand bien même il serait répétitif, peu ambitieux, douloureux, ennuyeux au possible.
Car pour que chacun puisse faire ce qu’il fait, aussi anodine que soit en apparence son action, cela nécessite qu’une multitude d’autres travailleurs s’adonnent, eux aussi, dans une quantité quasi infinie d’autres actions qui vont rendre possible le fait que chacun se concentre sur ce qu’il a à faire. Déjà, chez Platon, on découvrait la nécessité de la répartition sociale du travail, de la spécialisation des uns et des autres. C’est bien que le travail est le signe de notre universelle, et nécessaire, interdépendance.
La petite vidéo qui suit établit cela grâce un texte d’Adam Smith, extrait de son fameux La Richesse des nations, au cours duquel Smith s’intéresse au cas particulier que constitue un simple gilet de laine. On sait bien, depuis Le Père Noël est une ordure, à quel point un tel vêtement peut être objet d’ironie, de raillerie, et on oublie que, même désastreusement tricoté, même mal fichu, un gilet de laine réclame, en fait, une phénoménale quantité d’efforts, d’investissements, de travail en somme avant de pouvoir être porté par le client. A tel point d’ailleurs qu’il est toujours un peu malhonnête, ou inconscient d’affirmer de quoi que ce soit qu’on ait fait : « C’est moi qui l’ais fait ! », parce qu’en fait, quoi que ce soit, on est loin, très loin même, d’être le seul à s’y être investi.
C’est de ceci qu’il s’agit. Un nouvel angle pour analyser le travail, et ses fruits, une raison nouvelle aussi de considérer son propre travail, aussi insignifiant soit-il, au sein d’un ensemble plus vaste auquel il participe, libérant quelques autres de ce qu’on fait, eux mêmes nous libérant de ce qu’ils font.
On conseillera de suivre les liens qui se trouvent, dans la page Youtube de cette vidéo, car ils renvoient vers des expériences intéressantes d’autonomie, qui s’avèrent être, aussi, de grands échecs. La chaine youtube, Grain de philo, vaut aussi le déplacement, pour l’ensemble de son oeuvre !