Après Pondichéry, voici le moment de se mettre, avec quelques jours d’avance, dans la peau d’un candidat du baccalauréat. Il suffit de se déplacer, le temps d’une expérience, au Liban.
Si vous passez l’examen le 17 en métropole, dites vous que cela aurait pu vous arriver, même si de fait, maintenant, vous savez que ce n’est pas exactement ainsi que les choses se passeront le jour J.
En filière L :
Sujet 1 – Y a-t-il des vérités définitives?
Sujet 2 – Est-on plus ou moins libre?
Sujet 3 – Commentaire de texte :
C’est le signe qui s’apprend par l’objet connu plutôt que l’objet par son signe.
Pour mieux comprendre ceci, suppose qu’en ce moment, nous entendions le mot « tête » pour la première fois. Nous ignorons si c’est seulement un simple son de voix ou s’il possède aussi une signification et nous cherchons ce qu’est cette « tête » (…). Si donc, tandis que nous cherchons, on nous montre du doigt l’objet lui-même, nous apprenons en le voyant le sens du signe que nous avions jusque-là entendu, mais non compris. Or, comme dans ce signe, il y a deux éléments, le son et la signification ; le premier n’est pas perçu, certes, au moyen du signe, mais par le fait que le souffle frappe l’air ; quant à la signification, elle ne l’est qu’en voyant la chose signifiée. Car le doigt tendu ne peut signifier rien d’autre que ce vers quoi il est dirigé. Or, il est tendu, non vers le signe, mais vers le membre appelé « tête ». Ainsi, ce geste ne peut me faire connaitre ni la chose, que je connaissais déjà, ni le signe vers lequel on ne tend pas le doigt. Mais peu importe ce doigt tendu qui, me semble-t-il, est plutôt le signe de l’action de montrer elle-même que celui des choses qui sont montrées, tout comme la préposition : « voici ». On a même l’habitude de tendre le doigt en prononçant cette préposition, de peur qu’un seul signe d’indication ne soit insuffisant !
Par là, je cherche surtout à te persuader, si je le puis, qu’au moyen des signes appelés mots, nous n’apprenons rien, car comme je l’ai dit, la valeur du mot, c’est-a-dire la signification cachée dans le son de la voix, nous l’apprenons quand la chose signifiée est déjà connue, plutôt que cette dernière par la signification.
AUGUSTIN, Le maître (389)
En filière ES :
Sujet 1 – Est-il raisonnable de vouloir maîtriser tous ses désirs ?
Sujet 2 – Le travail se justifie-t-il seulement par son utilité ?
Sujet 3 – Commentaire de texte :
Qu’ont gagné nos législateurs à distinguer cent mille espèces et faits particuliers et à y attacher cent mille lois ? Ce nombre n’a aucune proportion avec l’infinie diversité des actions humaines. La multiplication de nos créations n’arrivera pas au niveau de la variété des exemples. Ajoutez-y cent fois plus : il n’arrivera pas, pour autant, que, parmi les événements choisis et enregistrés, en rencontre un autre auquel il puisse se joindre et s’égaler très exactement : il restera toujours en lui quelque particularité et différence qui requiert une façon différente de juger à son sujet. Il y a peu de rapport entre nos actions, qui sont en perpétuel changement, et les lois fixes et immobiles. Les lois les plus désirables sont celles qui sont les plus simples et les plus générales ; et je crois même qu’il vaudrait mieux ne pas en avoir du tout que de les avoir en nombre tel que nous les avons.
Montaigne, Essais, 1580.