Monolithique

In 24 fois la vérité par seconde, Bonus, Kubrick
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Faut-il insister sur la chance que nous avons, cette semaine, de pouvoir faire cette expérience sans réelle commune mesure, au cinéma ? 2001, L’Odyssée de l’Espace, de Kubrick, passe en salle, dans le cadre de la programmation « UGC Culte », pendant une semaine.

Que dire pour inviter à se lancer dans le vide de l’espace, et dans les ellipses du temps ? On peut évoquer tant de choses : 2001_o5 (1)l’émergence de la technique au cours d’une transe collective autour d’un monolithe noir, en des temps où l’homme fait encore preuve d’une humanité toute prototypique. La station spatiale qui demeurera le modèle de toutes les stations spatiales de l’histoire du cinéma de science fiction, à tel point qu’on est plus ou moins persuadé que les stations spatiales réelles lui ressemblent vraiment. Le dialogue un peu tendu entre un astronaute et HAL, un super-ordinateur, tous deux convaincus d’être l’ultime garant de leur mission commune, et persuadés que l’autre en est le maillon faible dont il s’agit de se débarrasser. Les monolithes noirs un peu partout dans l’univers, qui attirent et qui inspirent une humanité qui ne sait trop si elle va trouver là des origines ou un avenir, ne réalisant pas encore que cette distinction n’aura bientôt plus de sens. Le trip abstrait au-delà de ce qui peut donner lieu à représentation. L’appartement témoin. Et puis. Et puis, évidemment, le fœtus cosmique. J’oublie la musique, les voix, les sons mécaniques de la station, tout ça orchestré pour parvenir, en point d’orgue, au silence (et là, on a tout de même Blaise Pascal qui nous glisse à l’oreille quelques mots à propos du vertige dont on est saisi, le silence, l’infini, l’effroi…), comme si tout devait converger pour atteindre cette confrontation sourde-muette à l’univers.

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Bref, nous somme en 2014, nous sommes toujours cloués sur une planète qui semble organiser, à travers nous, notre prochaine nécessaire migration. Dans quelques semaines, l’Interstellar de Christopher Nolan pronostiquera cette nouvelle mission vers cette destination qui, dans notre GPS archaïque, est programmée sous la rubrique « home » (oui bon, cette image n’est pas extrêmement compréhensible). Et on devine qu’Interstellar, cinématographiquement, ne sera qu’un nouveau vaisseau lancé à la poursuite d’un 2001 qui semble définitivement, dans l’ordre du 7ème art, hors d’atteinte, monolithique.

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