« Toute philosophie qui place la paix plus haut que la guerre, toute éthique qui conçoit négativement le bonheur, toute métaphysique, toute physique qui envisagent une finale, un état définitif quelconque, toute aspiration, surtout esthétique ou religieuse, à un à-côté, un au-delà, un au-dehors, un au-dessus, autorisent à rechercher si ce ne fut pas la maladie qui inspira leur philosophe. On travestit inconsciemment les besoins physiologiques de l’homme, on les affuble du manteau de l’objectivité de l’idéal, de l’idée pure; on pousse la chose si loin que c’est à faire peur; et je me suis demandé bien souvent si la philosophie, en gros, n’a pas été jusqu’à ce jour une simple exégèse du corps, une simple méprise du corps. Derrière les plus hautes évolutions éthiques qui ont guidé jusqu’à présent l’histoire de la pensée se cachent des malentendus nés de la conformation physique soit d’individus, soit de classes, soit enfin de races entières. (…)
J’attends toujours qu’un médecin philosophe (…) ait enfin le courage de pousser mon soupçon jusqu’à sa dernière conséquence et ose dire: il ne s’est agi jusqu’ici dans aucune philosophie de « vérité », mais d’autre chose, disons de santé, d’avenir, de croissance, de puissance, de vie … »
Nietzsche – Le gai savoir ; préface à la deuxième édition.
Introduction
Bien qu’étymologiquement définie comme étant un amour de la sagesse, la philosophie s’est, au cours de son histoire, détachée de ses racines inquiètes pour se présenter de plus en plus comme une science, un ensemble de connaissances considérées comme « vérité » dont le plus solide fondement se trouve chez le premier penseur qui a placé ces fondations dans le ciel, au-delà des limites du monde sensible. Platon, puisque c’est de lui qu’il s’agit, pourrait être considéré comme le père de l’idéalisme ; s’il est pourtant reconnu en occident comme le père de la philosophie c’est bien qu’on a pris l’habitude de voir en l’idéalisme et en la philosophie un seul et même mouvement ; la sortie de la caverne des impressions sensibles telle que la décrit le Livre 7 de la République est alors devenue le modèle de toute démarche de cheminement vers la vérité. Ainsi, depuis l’Antiquité, la pensée a pris l’habitude de travailler en regardant toujours dans le rétroviseur des idéaux. Un peu comme un « bon élève » répond aux questions d’une interrogation en se référant aux bonnes réponses que le maître connaît, les philosophes pensent en ayant comme référence la vérité qu’il s’agit d’atteindre, et qui existe indépendamment de ce que les hommes pensent. Parce que cette forme de pensée est compatible avec la vie religieuse, elle s’est répandue de manière quasi exclusive et a constitué la fondation sur laquelle on a construit la culture européenne, dont on sait qu’elle aura pour destin de se prétendre universelle. Malgré tout, il y a toujours eu des penseurs qui refusaient de penser sous l’éclairage de la Vérité ; Nietzsche fait partie de ceux-ci, et c’est la raison pour laquelle le platonisme a, par bien des aspects, constitué l’ennemi qu’il fallait abattre pour proposer une nouvelle forme de pensée, à ses yeux plus ambitieuse. Dans la préface à la deuxième édition de son Gai Savoir, il va dresser les éléments essentiels de sa critique de l’idéalisme, en voyant dans cette référence à des idéaux supérieurs le symptôme d’une maladie dont seul un véritable philosophe pourrait être le médecin. En effet, en refusant de penser selon des idées qui surplomberaient le monde, il est nécessaire d’interpréter l’idéalisme lui-même selon la matière, et c’est dans le corps lui-même que Nietzsche va repérer les causes profondes de cette pensée convalescente. Notre travail consistera à expliquer comment fonctionne l’analyse menée par Nietzsche, à établir sur quelles raisons s’appuie sa condamnation de la pensée éclairée « du dessus », pour déterminer dans un second temps quelle validité on peut donner à cette remise en question.
1 – Explication linéaire
A – Les valeurs renversées
L’entrée en matière de Nietzsche est provocatrice ; on aurait pourtant tort de ne voir là qu’une proposition visant à choquer les esprits trop sensibles. Derrière une affirmation telle que « Toute philosophie qui place la paix plus haut que la guerre (…) autorise(nt) à rechercher si ce ne fût pas la maladie qui inspira leur philosophe », il ne faut pas voir une attaque en règle de la paix à laquelle il s’agirait de préférer la guerre. Ce qui est ici en accusation, ce n’est pas la paix en tant que situation concrète dans laquelle un peuple se trouverait, mais c’est l’idée même de la paix comme horizon vers lequel l’humanité devrait comme un seul homme se tourner et cheminer. Ce qui montre que c’est bien l’idée de la paix qui est attaquée, et non la paix elle-même, c’est que la première phrase est principalement composée d’exemples de ce type : la paix tout d’abord, puis le bonheur, pour ensuite stigmatiser toutes les pensées qui visent un accomplissement final, une fin de l’histoire, une ligne d’arrivée. Ces pensées sont évidemment pratiques, puisqu’elles donnent des objectifs clairs à l’humanité. Pour Nietzsche, elles n’en sont pas moins erronées, et dangereuses car, persuasives, elles parviennent à entrainer dans leur sillage des êtres humains qui, par handicap, vont adhérer à leurs préceptes et suivre leurs lumières. Ces éléments permettent d’affirmer que ce n’est pas la religion qui est ici avant tout visée, même si celle-ci est citée dans cette première phrase (mais c’est en fait pour réduire la philosophie idéaliste au simple stade religieux, c’est-à-dire au stade de la superstition dans la logique nietzschéenne), sinon Nietzsche aurait clairement fait référence aux dieux ou aux sacrements. C’est la religion laïque qu’est l’idéalisme, la croyance aux idéaux qui est attaquée, parce que de manière pathologique, elle sécrète « un à-côté, un au-delà, un au-dehors, un au-dessous » (on remarquera comment cet « au-dessous » permet à Nietzsche de reprendre la conduite de cette énumération pour la discréditer, propos confirmé par la suite de la phrase qui fait preuve d’une violence étonnante pour un propos philosophique, néanmoins habituelle chez cet auteur) qui fait l’objet de l’ironie nietzschéenne.
B – L’image de la maladie
Mais cette ironie, au lieu de perdre en intensité par la suite, va être renforcée par la manière dont le texte va expliquer cette tendance à s’accrocher au ciel des idées. En effet, il va s’agir désormais de faire de l’idéalisme le symptôme d’une santé déficiente, d’une pathologie inconsciente, d’un corps défectueux. Ce qui pouvait sembler être une boutade dans la première phrase (qu’on pourrait lire ainsi : « l’idéalisme serait une idéologie de malades ») devient une hypothèse sérieuse dans la seconde : des individus dont les corps souffriraient de besoins physiologiques douloureux transformeraient leurs souffrances en discours qui prétendraient exprimer la vérité. Présentée ainsi, la thèse semble étrange. Pourtant, en se retournant sur l’histoire, on n’a pas de mal à trouver des domaines dans lesquels on voit ce processus à l’œuvre : Ce qu’on appelle « morale sexuelle », par exemple, est un ensemble d’interdits dont on peut s’étonner qu’ils portent sur ce qui dans le corps est justement si puissant et si agréable. Très vite, on travestira le plaisir en changeant son nom (en le travestissant, en somme) : on l’appellera « mal ». Quand on ne l’éradiquera pas physiquement, on le taira en espérant que le corps l’oublie (ce qu’il fait parfois, mais Freud montrera que c’est alors la névrose qui prend le nom de « santé »). Il n’est pas absurde de noter que, si la pulsion sexuelle pose problème, c’est tout de même avant tout parce qu’elle est une ouverture à autrui, vers qui elle nous pousse à nous tourner. Or c’est toujours un danger que craignent les timides, les peureux. Ceux-ci auront tôt fait de condamner ce qu’eux-mêmes n’osent pas faire, et le feront d’autant plus que leur propre faiblesse pourra dès lors se faire passer pour un courage. On prétextera donc qu’il faut se protéger, et la meilleure manière de le faire, c’est de borner les comportements avec des interdits moraux, dont la justification ne peut pas trouver de meilleure source que l’au-delà, parce que c’est une source que peu oseront remettre en question. C’est ce qu’on fait avec les enfants : parce qu’ils sont physiquement fragiles, on les protège par des interdits. Mais comme ils ne sont pas capables de comprendre la raison d’être de ces interdits, on dresse autour d’eux les barrières de l’imagination, qui ont pour but de soutenir, au-dessus de leur tête, un monde supérieur dans lequel les règles sont édictées sans être discutées (on les présente comme universelles, en somme, comme « vraies ») et doivent être respectées. C’est ainsi que des faiblesses physiques, des incapacités, deviennent des idéaux de pureté, de morale, d’innocence, autant de concepts vides, vers lesquels ceux qui croient en leur réalité se tournent sans jamais pouvoir les atteindre, ce qui permet à ceux qui ont accroché ainsi au ciel de tels horizons et qui les ont désignés comme des « valeurs » de reprocher à tous de ne pas assez s’en approcher. C’est ainsi que s’articule ici la démarche de Nietzsche, qui a donc quitté le terrain de la simple attaque polémique pour construire une contre proposition philosophique, qui prétend donc que pour penser de cette manière, il faut être déjà malade (au sens où il faut être déjà dans la gène du corps, mal à l’aise), et que la pensée elle-même devient alors une manière d’affirmer que l’infirmité doit désormais constituer la norme. Et c’est là la raison pour laquelle Nietzsche affirme facilement qu’il faut protéger les forts contre les faibles, car ces derniers ont toujours tendance à faire de leurs faiblesses une norme, afin d’empêcher les plus forts de se réaliser pleinement, ce qui rappellerait en permanence aux faibles leur infirmité. En somme, l’idéalisme, c’est l’infirmité qui se fait passer pour la santé, ce qui implique bien sûr de faire passer la santé pour malade. C’est cet incroyable renversement des valeurs que décrit Nietzsche, au cours duquel des difformités physiques diverses ont pris l’apparence des « plus hautes évolutions éthiques », de valeurs auxquelles l’humanité devrait adhérer dans une nécessaire communion. C’est cela, « l’exégèse du corps » : une pensée qui n’est rien de plus qu’un commentaire permanent du corps et de ses incapacités, et ce sera le travail de Nietzsche que de retracer les liens de cause à effet qu’il y a entre les infirmités de l’homme et les valeurs auxquelles il adhère d’autant plus volontiers qu’elles constituent autant d’interdits qui ne limitent que les forts, les faibles ne faisant que traduire leurs propres incapacités en interdits universels. Or les faibles ont au moins une chance : ils sont nombreux. En d’autres termes, il y a en nous une puissance, une volonté qui nous pousse en avant, une soif de vivre dont notre corps lui-même est théoriquement l’expression. Mais c’est en nous aussi que règnent les blocages qui vont freiner cette ascension, cette belle aventure que peut être la vie du corps. Or, pour lier ce que nous venons d’expliquer avec le début du texte, et éclairer celui-ci d’une nouvelle lumière, cette aventure qu’est notre puissance passant à l’acte, sans être nécessairement une guerre, n’est néanmoins pas le calme de la paix. Aussi, ce qu’il faut entendre ici, pour résumer, c’est que la paix, en tant que valeur, risque d’être imposée comme idéal par tous ceux qui n’ont ni la force, ni la volonté de faire la guerre. Mais être pacifiste par faiblesse, c’est d’abord être faible, et ensuite transformer cette faiblesse en morale, simplement par décret, c’est-à-dire en l’occurrence par mensonge. En ce sens, il n’y a pas pire pacifistes que ceux qui n’oseraient pas faire la guerre.
C –La nécessité d’appeler le médecin
Si la plus haute pensée est malade (un peu à la manière de ces caricatures de la maladie mentale, qui nous présentent des « fous » se prenant pour Napoléon, on aurait ici une pensée débile (c’est-à-dire, étymologiquement, « faible ») qui se prendrait pour la plus haute forme de culture que l’humanité puisse viser, à ceci près qu’elle réussirait, elle, à convaincre non seulement l’asile, mais aussi le monde entier, qu’elle est en parfaite santé), il lui faut un médecin. C’est ce secours qu’appelle Nietzsche, suivant ici la logique de la mise en scène de sa propre pensée. Or, puisque c’est une pensée qu’il faut soigner, c’est un philosophe qui est appelé au chevet de la philosophie, pour la ramener non pas à la raison (parce que, si elle est folle, c’est justement parce qu’elle raisonne), mais à la réalité. La manière dont Nietzsche décrit l’arrivée de ce médecin est intéressante, car en quelque sorte, comme on a besoin d’un psychanalyste pour parvenir à dire quelque chose qui est là, mais qui ne sort pas, il s’agit dans cette dernière phrase de constater ce qui constitue la conséquence de tout ce qui précède, mais qu’on n’ose pas s’avouer : l’abandon de la vérité. Certes, on pourrait interpréter cette phrase comme un diagnostic provisoire : « il ne s’est agi jusqu’ici dans aucune philosophie de ‘vérité’ », ce qui laisserait supposer que désormais, grâce à Nietzsche, la philosophie pourrait enfin prétendre à la vérité. Mais une telle interprétation ne serait pas logique, car il s’agirait alors de reproduire le schéma de pensée que ce texte discrédite. Parler de vérité, c’est en effet affirmer qu’il y a un jugement qui doit être tenu, tout simplement parce que c’est ce jugement qui est conforme à ce qui doit être pensé, parce que c’est l’Idée vers laquelle toutes les pensées, tous les énoncés et toutes les mœurs doivent converger. En d’autres termes, chercher la vérité en croyant pouvoir l’atteindre, ou en se reprochant de ne pas l’avoir encore rejointe, c’est être idéaliste. Par conséquent, si c’est un médecin qu’appelle Nietzsche, c’est parce que le diagnostic à effectuer est grave, tant et si bien que c’est tout juste si ce n’est pas un médecin légiste qu’on fait venir au chevet de la philosophie. Pourtant, les derniers mots laissent au contraire penser que ce n’est pas d’une mort qu’il s’agit, mais d’une naissance : « santé, avenir, croissance, puissance, vie », c’est la vie qui est ici décrite, et c’est un accoucheur qui est réclamé. Si on voulait jouer avec les références, on pourrait dire que si Platon, lui qui a congelé la philosophie occidentale dans la forme éternellement cryogénisée du monde intelligible, est visé par la violence de l’attaque nietzschéenne, c’est pourtant le maïeuticien qu’est Socrate qui semble appelé pour mettre la philosophie au monde. Prenons l’expression au sérieux : « mettre au monde », c’est installer l’homme au sein du monde, valider le fait que c’est ici qu’il a à vivre, et pas ailleurs. En d’autres termes, c’est exactement l’inverse de ce que propose l’idéalisme, qui ne cesse plutôt de « démettre » l’homme du monde. En somme, cesser de ne vivre que pour la vérité, c’est cesser de mourir, se planter pour de bon dans ce monde, être pleinement ce corps, ne plus le mépriser ni le commenter du dehors, mais tout simplement, l’être.
Transition
Ainsi, derrière un aspect très polémique et une attaque de l’idéalisme qui peut sembler au premier abord excessive et injuste, Nietzsche pose, en peu de lignes, un problème qui, comme on vient de le voir, est suffisamment sérieux pour avoir été soigneusement évité depuis que Platon sembla lui avoir apporté une réponse trop définitive pour être vraie. Reste néanmoins que la violence du texte, la radicalité du diagnostic, qui ne s’encombre pas de précautions, ni d’enrobage poli, n’est pas qu’une mise en scène, et qu’on peut se demander si une telle volonté de détruire la philosophie telle qu’elle s’est constituée en occident, est légitime. En d’autres termes, on peut se demander s’il est tout à fait justifié d’abandonner pour de bon toute prétention à la vérité, et s’il faut oublier la pensée de tous ceux qui ont cru l’avoir plus ou moins définitivement atteinte. Or, curieusement, on va constater qu’en affirmant cela, Nietzsche ne fait finalement rien d’autre que réactualiser la philosophie telle qu’elle s’était définie à ses propres origines.
2 – Mise en perspective
A – Une telle conception de la philosophie est elle vraiment nouvelle ?
Tout d’abord, on peut se demander ce qu’il y a de si révolutionnaire à affirmer que la philosophie doive renoncer à la vérité. A bien y regarder, dans la manière dont elle fut définie et pratiquée jusqu’à Socrate (inclus), elle était bel et bien caractérisée par l’absence de vérité, puisque c’est sur ces fonds baptismaux habités par le vide qu’on lui a donné son nom : amour de la sagesse. Or si la sagesse implique la connaissance absolue, et si l’amour ne peut jamais être une possession, le philosophe a bien choisi de se désigner lui-même comme celui qui ne possède pas la vérité. Ainsi, c’est bien parce que Socrate constate que sa sagesse consiste précisément dans le fait de ne pas posséder la sagesse qu’il parvient à ouvrir les yeux sur ses contemporains, qu’ils soient religieux, sophistes, ou bien tous ceux que nous appelons maintenant « présocratiques » : tous sont dogmatiques, ou font mine de l’être alors qu’il suffit de les interroger avec un peu d’ironie pour faire tomber leur assurance et mettre à nu leur ignorance. Aussi, lorsque l’oracle de Delphes désigne Socrate comme le plus sage des hommes, c’est comme si soudainement tout était mis à sa juste place, bien que tout semble soudainement inversé : ceux qui semblent savoir ne savent pas, et celui qui ne sait pas, finalement, sait la seule chose qu’il faille savoir, et qui n’est pourtant pas cette vérité que les autres visent. Dans la perspective tracée par Nietzsche, on peut alors considérer que Platon sera celui qui mettra de nouveau la pensée à l’envers, tout en semblant être le plus fidèle disciple de Socrate. Tout d’abord, il écrit. Or cette manière d’inscrire pour toujours la pensée dans des écrits fige le mouvement et enlève à la pensée l’instabilité qui constitue sa vie. D’autre part, dans les écrits de Platon, la pensée se fige d’autant plus que ses dialogues installent un véritable système de pensée, qui va devenir le système d’exploitation de la pensée européenne, et ce jusqu’à Nietzsche (à supposer que celui-ci ait vraiment stoppé et désinstallé ce programme, ce dont on peut douter). Pour autant, ce que ce texte remet en cause, c’est la manière dont la philosophie s’est développée à partir de la trahison platonicienne, trajectoire unique, totale, qui n’enlève rien au fait que l’idéalisme n’est qu’une pensée, même lorsque celle-ci prétend être LA pensée. C’est ce que Nietzsche montre, et ce faisant il revient vers la conception originelle de la philosophie, qui est avant tout un élan vers l’in-connu, une audace.
B – La mort de la philosophie envisagée comme une résurrection.
Mais Nietzsche est tout à fait conscient que sa propre pensée ne signe pas la mort de la philosophie, et qu’elle constitue plutôt sa véritable renaissance. En effet, à la lecture de ce texte, comme souvent chez cet auteur, on se trouve confronté à des ambiguïtés. En particulier, ici, on a du mal à discerner si la vérité est ce que les philosophes ont cru chercher sans y parvenir (ils auraient simplement pris autre chose pour la vérité) ou si le fait même de chercher la vérité constitue leur erreur. Seule une confrontation entre cette phrase et ce qui précède permet de repérer que c’est la seconde option qui est ici pertinente. De la même manière, on a du mal à discerner si ce qui est condamné, c’est la philosophie toute entière, ou bien la manière dont Platon l’a développée. En réalité, ces ambiguïtés sont tout à fait cohérentes. En effet, c’est bel et bien la fin d’une certaine philosophie qui est réclamée ici à travers la condamnation de l’idéalisme. Mais simultanément, puisque cette forme de philosophie s’était imposée comme la forme idéale de la philosophie, aux yeux de l’histoire, cette remise en cause constitue une destruction de toute la philosophie, c’est-à-dire de tout l’édifice philosophique européen, en tant que celui-ci s’est construit selon la règle, les dogmes et le canon idéaliste. Mais pour dépasser cette mise à mort de la discipline, il faut se souvenir que la forme platonicienne était en fait un leurre, une ombre qui s’est présentée comme l’objet dont elle n’était que l’image déformée. Ainsi, nier cette image, c’est remettre au devant de la scène le véritable esprit de la philosophie, qui est avant tout l’abandon de la prétention à posséder la vérité ; et si le platonisme réclama le détachement du corps, le renversement nietzschéen réclamera qu’on y revienne, et qu’on écoute en lui cette puissance qui a soif « de santé, d’avenir, de croissance, de puissance, de vie ». En somme, malgré les apparences, l’idéalisme et le corps ont poursuivi les mêmes objectifs, simplement, l’idéalisme les a poursuivis « en négatif », en niant les poursuivre, en somme sans savoir qu’elle les suivait, suivant en cela le modèle de quête qu’est le désir, dont on ne sait jamais vraiment ce qu’il cherche à travers les objets qu’il vise. Après tout, si on dit du désir qu’il dépasse les objets sur lesquels il croit se fixer, on peut considérer comme logique qu’à l’inverse, quand l’idéalisme désire l’abstrait, il se trompe lui aussi d’objet, et que ce soit le corps qu’il ait en ligne de mire, sans le savoir (Nietzsche le précise, d’ailleurs : c’est « inconsciemment » que ces processus de travestissement du désir ont lieu). Et c’est cette dénégation qui constitue finalement le plus beau témoignage de l’importance que ces valeurs (« réelles », celles-ci, puisqu’enracinées dans le corps, à la différence des fausses valeurs telles que la paix, le bien, etc.), quoiqu’il arrive, avaient. On comprend mieux pourquoi cette dernière phrase est donc ambiguë : c’est tout simplement parce qu’elle soude sur un même mouvement des attitudes qui semblent partir dans des directions diamétralement opposées. C’est finalement là que je noue toute l’ambiguïté de ce qu’on appelle le nihilisme : en apparence, il s’agit de détruire les valeurs passées, mais cette destruction ne se fait pas dans le vide, et il y a chez Nietzsche la volonté de remettre le monde à l’endroit, ce qui implique de ne pas refuser que le monde ait un sens. Le nihilisme nietzschéen n’est donc pas un abandon, c’est au contraire l’expression de la plus exigeante des volontés. Le médecin philosophe n’a dès lors pas besoin de faire des miracles : en énonçant son diagnostic, il n’a finalement rien de plus à faire qu’inviter la philosophie à revenir à elle-même, et à reprendre ses esprits.
Conclusion
C’est donc à un curieux mouvement que nous convie ce texte. Envisagé au départ comme une de ces virulentes attaques dont Nietzsche a parfois le secret, le propos s’est peu à peu creusé jusqu’à concerner l’histoire même de notre pensée, et les perspectives qu’elle avait peu à peu perdues, et qu’il se propose de révéler derrière le rideau de fumée idéaliste. Mine de rien, dans ces quelques lignes qui sont extraites d’une préface non moins énigmatique, c’est le destin de la pensée humaine qui est questionné, ou plus précisément l’aptitude que cette pensée a de se concevoir elle-même comme une volonté à l’œuvre et non comme un destin subi, devant lequel elle serait courbée dans le nécessaire respect de valeurs qui s’imposent à elle du dessus sans jamais se laisser pleinement attraper. Nous avons été des Tantales, les pieds dans ce que nous concevons comme un marécage, les yeux tendus vers cette pomme offerte à notre regard, qui se refuse pourtant à notre main, inaccessible, interdite. A force de ne pas obtenir ce vers quoi nous tendons le bras, nous accusant nous-mêmes de ne pas l’atteindre, on pourrait décider que le fruit désiré n’existe tout simplement pas, et qu’il est un leurre qui nous fait croire que l’essentiel est ailleurs, ce qui nous détourne de ce qui est là. En somme tout l’intérêt de ce texte, et de la pensée de Nietzsche en général, c’est de proposer de mettre la philosophie, et l’homme par la même occasion, sur leurs pieds, alors que l’idéalisme semble avoir espéré les faire marcher sur la tête.
Mince, j’étais sans doute hors sujet 🙁
Si j’identifie correctement les initiales JP, alors, non tu n’étais pas autant hors sujet que tu sembles le craindre, mais tu verras ça demain (rien de dramatique à l’horizon, en tous cas !:))
Alors, la philosophie depuis Platon pourrait dire (peut être pas toute la philosophie): « Ma fabulation consistait à croire que mes imaginations successives étaient des vérités inscrites dans les choses » ?
Héhé, on pourrait difficilement dire mieux ! Toute la difficulté de la « chose », c’est de faire en sorte que cette imagintation ne tombe pas dans le simple exercice de « storytelling » qui est tant à la mode, et qui relève, lui, d’un relativisme cynique. En revanche, la fabulation pourrait bien être considérée, positivement cette fois, comme une manière de former des hypothèses en ayant la claire conscience que chacune est une construction qui ne peut prétendre à la vérité. En somme, la fabulation n’est condamnable que si elle se croit sage.
Je comprends.
Mais il semble difficile de faire abandonner aux êtres humains (particulièrement aux occidentaux) l’idée qu’il existerait une Vérité constituée, qu’il s’agirait de trouver, et vers laquelle nous nous acheminerions (progrès, civilisation) depuis l’aube des temps: est-ce un effet de l’idéalisme ?
Il est vrai que le risque du relativisme cynique existe: l’homme est dans le noir absolu, et sa prétention et ses tentatives à faire naître la lumière (parce qu’artificielle) sont vaines et risibles. La vérité n’existe pas, et nul ne peut prétendre l’avoir atteinte, c’est une pilule qui décape sérieusement nos idéaux, des siècles d’histoire.
Tu as raison, peut être que la sortie, et la sagesse, se trouvent dans la conscience claire que toute « imagination » est une hypothèse, et qu’aucune n’a à prétendre avoir de supériorité sur une autre, au nom de la vérité en tout cas (j’ai l’impression que ça nous rendrait plus tolérant…). La vérité, au fond, c’est qu’il n’y a pas de vérité.
Mais alors du coup, comment expliquer ce qui nous paraît « vrai », pour quelle raison telle idée plus qu’une autre ? Est-ce ce que disait Castoriadis sur la vérité (passage que j’ai déjà cité ici et ailleurs), à savoir que cette dernière n’est pas adéquation mais effort constant pour penser mieux et plus profondément, pour sortir de notre clôture ?
(j’aurai du dire enclos…)
La formule me semble en effet pertinente. elle évite en tous cas cette facheuse posture qui consiste à se croire « parvenu » à destination, au sommet de ce qui peut se penser, et à se croire autorisé à donner des leçons à tout le monde. Cependant, l’écueil est de ne plus rien affirmer, la pensée demeurant perpétuellement dans une sorte d’entre deux instable et muet. Il faut donc que cet effort se matérialise, tout de même par un discours, mais celui ci devrait être caractérisé par la prudence et la modestie. Et il me semble bien qu’on se laisse rapidement emporter par la conviction d’être plus malins que les autres ! Reste que c’est evidemment sur le terrain des valeurs qu’une telle position pose le plus problème, dans la mesure où les valeurs constituent, tout de même, une espèce de « couche logicielle » qui nous permet, au quotidien comme à plus long terme, d’agir. La remise en question de l’idéalisme est donc fort intéressante, mais réclame à être manipulée avec des pincettes. Mais cela ne constitue pas une raison suffisante pour s’en priver !
Bonjour ou bonsoir,
Au sujet de votre partie B, il y a le fait que l’endurance est une qualité pour faire la guerre et endurer la souffrance, donc aussi pour souffrir de retenir son sexe. Ainsi votre élan vers le plaisir sexuel semble bien étrange, sachant en plus que moralement le plaisir sexuel est surtout critiqué s’il ne s’accorde pas avec la reproduction (aussi la psychanalyse est vraiment dépassée). Enfin en étudiant un peu la politique on se rend compte que la solution à trop de vices est la dictature, et que la démocratie va avec la vertu (cf. « De l’esprit des lois » de Montesquieu) ; il ne faut donc pas réclamer le vice au nom de la liberté.
Je vous salue.
Mais en quoi la sexualité non pratiquée en vue de la reproduction est-elle immorale ou vicieuse, et en quoi à l’inverse la sexualité pratiquée en vue de la seule reproduction serait-elle elle au contraire vertueuse ?
De même, faudrait-il devenir ascète pour être libre ?
Il n’est pas dit que faire l’amour pour faire l’amour soit dépravateur, on pourrait même peut être défendre que coucher avec autrui est un acte profondément humain (au sens positif du terme) et vertueux quand il s’agit d’amour, de désir, de rapprochement etc.
Je ne suis pas sûr du tout, mais il me semble que c’est Montesquieu qui disait quelque part (dans les lettres persanes ?) que faire l’amour sans aimer était se priver de la moitié du plaisir de faire l’amour. La vertu, pour cet auteur, qu’il réclame pour une réalisation en bonne et due forme de la démocratie, ne va donc pas forcément, me semble-t-il, sans le sexe.
Au fond, il me semble que vouloir abandonner notre sexualité, c’est en avoir peur.
Je suppose, Cartésien, que vous êtes conscient que bien des « pratiquants » auraient défini l’endurance, dans ce contexte, d’une manière bien différente de celle à laquelle vous avez recours.
Cette parenthèse amusée refermée, passons au sérieux. Je reçois vos remarque, mais je n’en trouve guère l’argumentation. Vous postulez que le rapport sexuel est immoral s’il ne vise pas la reproduction. Ce que vous condamnez alors, c’est le plaisir, je suppose, puisque celui ci est le seul véritable motif pour lequel l’acte sexuel a lieu; le seul problème, c’est qu’on ne voit pas à quel titre on condamnerait le plaisir, dans la mesure où il est précisément ce guide physique qui nous fait adopter les comportements adéquats pour survivre, y compris à notre propre mort. D’autre part, bien d’autres choses que la procréation se construisent dans le rapport des corps, qui ne se réduisent pas, non plus, au simple plaisir. Mais il en va, ici, comme des plaisirs esthétiques : on peut les pratiquer par simple complaisance ou bien chercher, à travers eux, un dépassement. On ne va pas le développer outre mesure, car là n’est pas vraiment le sujet, mais de toute évidence, les corps humains, quand ils sont mis en contact de la bonne manière, peuvent atteindre ce genre de dépassement que certains auraient nommé « sublime », ne serait ce que parce que cette expérience, loin d’enfermer dans la chair, contraint précisément à viser autre chose que son propre corps. La procréation est une des formes que cela peut prendre, ce n’est pas la seule (on renverra, une fois de plus, sur ce terrain, au Banquet, car Diotime développe cela de manière bien éclairante, mais on pourrait renvoyer aussi à Sartre et aux analyses stupéfiantes sur le contact entre les amants (même si je devine la possibilité que ces références vous touchent peu; enfin… on n’est pas obligé d’être en accord, non plus !)).
Même problème avec votre usage du mot « vice », qui débarque comme ça sans crier « gare ! », et sans justification non plus. Au nom de quoi la rencontre des corps humains constituerait elle un vice ? Ne pourrait on pas, de la même manière, décréter que la condamnation de la sexualité est elle un même un vice ? Au passage, vous placez cette idée que l’Etat aurait à s’occuper de la sexualité de ses administrés… Vous faîtes bien de préciser qui s’agirait là d’une dictature, on rajoutera que, comme souvent, celle ci fourre son nez dans des affaires pour lesquelles on pourrait légitimement se demander quelles sont ses motivations : comment, et de quel droit l’Etat pourrait il se renseigner sur la manière dont les individus vivent leur sexualité ? Pourrait il le faire sans les regarder faire ? Et cela ne constituerait il pas du pur et simple voyeurisme ?
D’ailleurs, le simple fait de penser à la sexualité des autres en simple observateur, sans participer, ne fait il pas partie de ce que vous mêmes vous considéreriez comme vicieux ?
Comme quoi le vice peut se cacher, sans doute ne fait il d’ailleurs que cela. Il ne me semble pourtant pas que cela autorise à le voir partout.
Des lors, je ne considère pas avoir, à aucun moment, réclamé le vice au nom de la liberté, et je demeure curieux de voir ce qui vous permet d’écrire pareille chose. Le vice est bien entendu opposé à la liberté… pour autant que ce ne soit pas quelqu’un d’autre qui débarque dans la vie des uns et des autres pour décrêter à leur place ce qu’est le vice, et partant, ce qu’est leur liberté. Si une telle ingérence a lieu, alors il n’y a plus possibilité de parler sérieusement de vice et de vertu; on ne peut parler que de direction et d’obéissance, ce qui relève d’un tout autre ordre, semble t il.
Non ?
Pour ce qui est de la liberté et du vice, sachez que c’est une contradiction qu’on entend souvent, mais qui ne vous concerne pas directement. Autrement ce qu’énonce Montesquieu sont des faits historiques, aussi dans Tocqueville « De la démocratie en Amérique » on trouve que la morale dans les pays développés est souvent basée sur ce qui favorise l’intelligence (il vaut donc mieux ne pas être trop préoccupé par le sexe). Enfin voici un extrait de « De l’esprit des lois » (livre 7, chapitre 8) : « Il ya tant d’imperfections attachées à la perte de la vertu dans les femmes, toute leur âme en est si fort dégradée, ce point principal ôté en fait tomber tant d’autres, que l’on peut regarder, dans un Etat populaire, l’incontinence publique comme le dernier des malheurs, et la certitude d’un changement dans la constitution.
Aussi les bon législateur y ont-ils exigé des femmes une certaine gravité des moeurs… »
Si on ne peut plus interdire aux gens de prendre du poison sous prétexte d’enfreindre leur liberté, cela risque de devenir gênant.
le chapitre est le 8 (il y a eu un problème à la publication du message).
En outre comme vous insistez, je vais vous citer un passage de la quatrième partie de « Ainsi parlait Zarathoustra » de Nietzsche :
» De cette populace dorée et falsifiée, dont les ancêtres avaient les doigts crochus, vautours ou chiffonniers, de cette gent complaisante aux femmes, lubrique et oublieuse : car ils ne diffèrent guère des prostituées.
Populace en haut! Populace en bas! Qu’importent aujourd’hui encore les « pauvres » et les « riches »! J’ai désappris de faire cette distinction et je me suis enfui… »
Cartésien, je ne sais pas trop d’où vous écrivez (je ne parle pas là de géolocalisation, mais plutôt de « position »), mais quelles que soient vos références, je vais être obligé de faire avec vous comme avec certains élèves. Vous m’en voyez désolé, mais on ne peut pas utiliser les références comme vous le faites : sans doute est ce du au caractère nécessairement succint de l’intervention en commentaire d’article, mais là, vous vous soumettez tout simplement à l’argument d’autorité, dont on sait qu’il est tout, sauf un argument. ce serait de la simple naïveté si, néanmoins, vous ne choisissiez pas vos sources avec soin, et là aussi, quelque chose m’échappe dans votre démarche. Vous aviez attaqué sur le terrain de la sexualité. Pourquoi pas. Mais pour me répondre, vous convoquez Montesquieu et vous décidez d’en extraire ce passage qui porte sur les femmes, et sur leurs éventuels débordements.
Problème : pourquoi les femmes seraient elles les seules à souffrir de ce que vous considérez comme un vice ? Pourquoi aller chercher cet extrait qui les met seules en cause, alors qu’on sait bien que si on fait le point, les hommes ont toujours plus ou moins réussi, grâce à la violence, à juguler les pulsions sexuelles des femmes, pour laisser aller les leurs propres.
Alors, d’une part, Montesquieu, dans ce passage, traite des femmes comme s’il s’agissait d’objets et de biens dont il s’agirait de décider de quelle manière on pourrait en disposer; autant dire que ce type de discours ne peut absolument plus être tenu aujourd’hui, et qu’il déçoit de la part de ce penseur (le livre VII, d’ailleurs, à le parcourir, laisse un peu pantois), et je vous remercie de ne pas avoir cité le ch. 17 de ce même livre.
Mais cette citation soutient une pensée qui semble se considérer comme trop fragile pour marcher sur ses propres pieds. C’est dommage, elle se mettrait davantage à l’épreuve. En gros, dans votre discours, la femme est l’incarnation d’un vice potentiel, qui doit être maîtrisé par l’autorité et l’exercice de l’endurance. On n’a presque pas envie d’argumenter en sens contraire : la simple vie en compagnie des femmes, leur simple rencontre suffit à être mis en face d’une évidence que les soi-disant « faits historiques » en peuvent fragiliser : les femmes ne sont pas les créatures que vous décrivez. Je ne sais ce qui vous en fait dresser un tel portrait, mais il est faussé. Dès lors, je crains que toute construction de pensée qui s’appuie sur ce fondement soit mécaniquement biaisé. Pour le dire autrement, ce portrait émane non pas d’une réflexion ou d’une analyse, mais d’un ressenti. Le fait de trouver dans des textes illustres des confirmations de ce ressenti ne change pas grand chose à l’affaire : on peut trouver de telles confirmations pour n’importe quel discours. Par contre, ça ne résiste pas à l’analyse, ni même à l’expérience.
Si j’étais mal intentionné envers vous, je dirais que finalement, ce discours est une belle illustration de ce qu’affirme Nietzsche dans le passage étudié : la peur physique devant l’inconnu conduit à construire une pensée qui se croit d’autant plus vraie que cette « vérité » rassure et installe celui qui souffre dans une sorte de position de force. Le problème, c’est que l’addition des faiblesses, en l’occurrence, si elle fait une force, ne fait en revanche aucune puissance. En d’autres termes : la foule de ceux qui ont peur peut produire une violence telle qu’elle parvienne à maîtriser les moeurs. Mais elle ne les rend pas puissants, puisqu’elle les confirme (et les confine) dans leur faiblesse. Là dessus, le corps parle clairement, pour peu qu’on le laisser faire : notre corps veut cette expérience cruciale, vécue dans la rencontre de l’autre; et il ne s’agit pas de complaisance, puisque le corps ne vise pas ici son seul petit plaisir (qu’il peut très bien se fournir tout seul, d’ailleurs), mais un dépassement.
je passe par dessus l’idée saugrenue que les sociétés développées ont misé sur l’intelligence, ce qui ne laisserait aucun temps pour la sensualité. Que dire, si ce n’est que ça ne tient pas le coup une seconde, et qu’on ne peut regarder cette affirmation qu’avec un certain sourire ?
Enfin, la référence à Zarathoustra (au delà du fait que c’est une reference quand même pratique, hein ? C’est un peu comme chez l’épicier du coin: on est sûr d’y trouver nourriture à son ^goût pour peu qu’on y découpe ce qu’on est venu y chercher et qu’on laisse tomber toute vue d’ensemble…), mais en gros, le passage que vous citez décrit le regard de celui qui voit les bassesses et préfère s’en éloigner. Fort bien. Mais on a envie de d’écrire « oui, et alors ? » : sous prétexte que certains auraient une sexualité basse, il faudrait condamner toute sexualité ? On pourrait prolonger la chose et l’élargir : sous prétexte que certains ont une vie basse, faut il renoncer à la vie ? Non : au contraire, il est d’autant plus nécessaire de mettre toute la volonté au servie de la vie, précisément parce qu’il y a un risque de ne pas « vivre », mais d’être seulement « vécu »; cette proposition me semble être davantage universalisable que celle que vous semblez adopter.
Et, bien sûr, si je me trompe sur vos pensées, je m’en excuse. n’hésitez pas à corriger cette interprétation. Et si mon interprétation est juste, et qu’il s’agit bien de votre pensée, je persisterai à penser qu’elle ne peut malheureusement pas être tenue.
A vous.
Il y a un petit problème, c’est que vous voulez me prendre de haut, mais dommage pour vous je suis un vrai philosophe (cf. mon site : http://eternel-energy.tripod.com ). Aussi je plains vos élèves car les meilleurs doivent avoir des notes bien en-dessous de ce qu’ils méritent.
Vous croyez être dans un monde moderne, voilà pour votre culture, et acceptez les faits historiques (et sachez que je respecte les femmes et ne cherche pas à en faire des objets du désir):
Voici quelques extraits de « Julie » de J-J Rousseau (Seconde partie, lettre 21) écrit avant la révolution française :
Au sujet des Parisiennes : «Elles ont vu qu’une gorge découverte est un scandale en public ; elles ont largement échancré leur corps…Cette pudeur charmante qui distingue, honore et embellit ton sexe, leur a paru vile et roturière ; elles ont animé leur geste et leur propos d’une noble impudence ; et il n’y a point d’honnête homme à qui leur regard assuré ne fasse baisser les yeux. C’est ainsi que cessant d’être femmes, de peur d’être confondues avec les autres femmes elles préfèrent leur rang à leur sexe, et imitent les filles de joie, afin de n’être pas imitées. »
« La gaieté naturelle à la nation, ni le désir d’imiter les grands airs, ne sont pas les seuls causes de cette liberté de propos et de maintien qu’on remarque ici dans les femmes. Elle paraît avoir une cause plus profonde dans les moeurs, par le mélange indiscret et continuel des deux sexes, qui fait contacter à chacun d’eux l’air, le langage et les manières de l’autre. »
« L’adultère n’y révolte point, on n’y trouve rien de contraire à la bienséance : les romans les plus décents, ceux que tout le monde lit pour s’instruire en sont pleins ; et le désordre n’est plus blâmable sitôt qu’il est joint à l’infidélité…on dirait que le mariage n’est pas à Paris de la même nature que partout ailleurs. C’est un sacrement, à ce qu’ils prétendent, et ce sacrement n’a pas la force des moindres contrats civils ; il semble n’être que l’accord de deux personnes libres qui conviennent de demeurer ensemble, de porter le même nom, de reconnaître les mêmes enfants, mais qui n’ont, au surplus aucune sorte de droit l’une sur l’autre ; et un mari qui s’aviserait de contrôler ici la conduite de sa femme n’exciterait pas moins de murmures que celui qui souffrirait chez nous le désordre de la sienne. Les femmes, de leur côté, n’usent pas de rigueur envers leurs maris et l’on ne voit pas encore qu’elles les fassent punir d’imiter leurs infidélités. »
« Une remarque assez commune, qui semble être à la charge des femmes, est qu’elles font tout en ce pays, et par conséquent plus de mal que de bien ; mais ce qui les justifie est qu’elles font le mal poussées par les hommes, et le bien de leur propre mouvement. »
« Elles sont moins indiscrètes, moins tracassières que chez nous, moins peut-être que partout ailleurs. Elles sont plus solidement instruites, et leur instruction profite mieux à leur jugement. »
Mais je ne suis pas sûr qu’on puisse faire plus de remarques aux parisiennes qu’à d’autres actuellement, en outre Rousseau a écrit que cela a semblé se propager à l’époque. Enfin pousser les gens à la débauche s’appelle du racolage et peut être puni de prison et d’amende. Ne cherchez pas a faire croire que vous êtes ainsi l’ami des femmes, car après la révolution elles n’ont pas gagné grand chose, moi j’essaie de leur conserver le droit de vote, le droit à l’avortement, celui de choisir son mari…Enfin n’est-ce pas l’intelligence qui permet de nourrir tout le monde dans ce pays, par exemple la production agricole est multipliée pas plus de 6. Cela vous fait sourir de manière pédante? Et au sujet de votre expérience des femmes, je préfère m’abstenir…
Pour ce qui est du chapitre 17, je crains que cela soit à cause de votre ignorance de la totalité de l’ouvrage, plus des fondements des différents types d’Etat et de leurs variations ; que vous n’arrivez pas à comprendre la justesse (dans les cas généraux exposés) des propos. Enfin il fait partie des principes énoncés par Montesquieu que pour juger une œuvre il faut la connaître dans son entier.
Restez correct Cartésien, je crois que vous vous oubliez… Cet espace n’est en tout cas pas consacré aux controverses effrénées (« mettre un peu d’eau dans son vin » peut parfois s’avérer sage)…
Vous soutenez votre point de vue, c’est positif, mais veillez à le faire sans vous en prendre à la personnalité (que vous supputez) de votre contradicteur… ce serait aimable, je crois.
Sachez Lule que je suis d’accord avec le fait qu’il faut garder son calme au maximum, mais si vous étiez correct, vous auriez d’abord fait la remarque a « Harrystaut » qui est assez mesquin dans sa manière de vouloir abaisser les autres. Aussi je pense que au lieu que de s’enfoncer dans une position délicate il aurait dû modérer ses propos sur la sexualité (ce qui est fait généralement)et nous aurions pu dicuter plus sereinement.
Cartésien,
On ne va pas se battre. Il semblerait qu’on ne soit pas d’accord; ce que vous avez pris comme une agression n’était qu’une invitation à développer par vous même ces idées, sans forcément avancer masqué derrière des extraits de textes dont, je regrette de persister à le penser, vous me semblez faire un usage détourné (et que vous pensiez que je l’affirme parce que je maîtrise moins bien Montesquieu que vous, je vous laisserai le penser, vous avez sans doute de bonnes raisons de l’affirmer, et je n’ai jamais envisagé la philosophie comme un championnat), il ne s’agissait pas d’une affirmation définitive : je sais que vous avez écrit des livres, je me doute qu’ils ne sont pas une suite de citations, et que vous pensez par vous même. Ce n’était donc qu’une invitation à développer, et ce même si nous ne sommes pas d’accord (j’irais même jusqu’à dire PARCE QUE nous ne sommes pas d’accord), et ce sans nécessairement vouloir finir cela par un KO ou une victoire, il me semble que la pensée poursuit d’autres enjeux (enfin, je l’espère).
Pour le reste, je remarque qu’effectivement, vous prenez vite la mouche, sans doute est ce du au format un peu lapidaire du commentaire sur un blog. Néanmoins, franchement, on se passerait des attaques personnelles. Mais pour vous montrer que je suis beau joueur, je vais mettre en ligne ce commentaire dont vous êtes l’auteur, et qui affirme de manière un peu péremptoire que mes élèves seront mal préparés au baccalauréat (il n’était pas censuré, mais tous les messages qui contiennent des adresses de sites nécessitent une approbation). Là encore, que vous le pensiez, c’est une chose, que vous l’écriviez, c’en est déjà une autre, que vous mettiez cela en ligne, c’en est une troisième. Ils pourront donc lire ceci, et exercer leur esprit critique à propos de cette autre affirmation dans laquelle vous vous présentez comme un véritable philosophe. Je crains que les meilleurs d’entre eux sachent quelles conclusions en tirer.
Bref, il me semble que le débat d’idées peut prendre un autre ton, et que ne soyons pas d’accord devrait conduire à discuter des idées, et non à pratiquer des attaques sur les personnes, non ?
Ah, enfin, je ne reviens même pas sur les accusations publiques de racolage, dont je me demande, à la relecture de ce texte, si elles ne peuvent pas être considérées comme un poil excessives : que l’on ne mette pas la frontière du vice sur la même ligne, cela s’entend. En revanche, il me semblait clair que nous pouvions au moins nous mettre d’accord sur le fait que, quel que soit le vice, celui ci est condamnable. Non ? J’allais utiliser la définition psychanalytique de la perversion pour fonder un peu mon propos, mais je devine que ça ne constituerait pas un argument que vous prendriez pour recevable, me trompé-je ?
Ah, dernière question, tous à fait sérieuse celle-ci, et n’y voyez ni sourire narquois, ni prétendue supériorité (je suis comme tout le monde : je cherche, je cherche) : j’ai noté que vous associez facilement le vice à la moitié féminine de l’humanité (en tous cas, les extraits que vous choisissez sont orientés ainsi). Pour vous, est ce exclusif ? Ou bien l’homme est il lui aussi frappé par ce mal, et s’il l’est, en est il responsable, ou bien doit on en faire peser la faute sur quelque autre ?
Beaucoup plus cordialement que vous ne semblez le penser (et ce malgré le ton, et les quasi menaces, comme quoi on n’est vraiment pas rancunier…)
Pardon mais, pour ce rappel (on ne devrait pas dire « à l’ordre », mais aux règles élémentaires de la politesse), je ne pense pas m’être trompé de cible. Et croyez bien, s’il vous plaît, que je l’ai fait sans vouloir indiquer par là de quel côté de la controverse je me situais et quel côté j’avais décidé d’appuyer (je sais trop que la personne face à laquelle vous avez décidé de vous opposer est loin d’avoir besoin de ce genre d’aide, et il aurait été tout simplement inopportun que je le fasse).
Soyez assuré en tout cas que loin de moi a été alors, et est encore, le désir de vous froisser.
Excusez moi, je suis tombée sur votre blog tout à fait par hasard, et par curiosité, j’ai lu non seulement votre article (que je trouve excellent) mais encore les nombreux commentaires qui le suivent.
Et, étant femme, j’ai été outrée des propos qu’a pu tenir l’intervenant « Cartésien »: je n’ai pas souvenance d’avoir perçu chez Descartes une telle atmosphère de misogynie. Quelle est donc votre pensée exacte, Monsieur le Cartésien, à propos des femmes ? Je suis curieuse de le savoir car, de ce que j’ai pu lire de vous pour l’instant, nous sommes des pousse-au-vice infidèles, et pour cette raison nous mettons constamment la vertu, et la démocratie, en péril.
Enfin, dans quelle époque vivez-vous, et pour qui vous prenez vous lorsque vous dites: « moi j’essaie de leur conserver le droit de vote, le droit à l’avortement, celui de choisir son mari », êtes vous un législateur influent ? Et pensez vous que Harrystaut soit homme à vouloir nous retirer tous ces droits ? Et ne pensez vous pas que nous ne vous avons ni attendu ni que nous n’avons pas besoin de vous pour les conserver, que les femmes sont bien capables de faire ça elles mêmes ?
J’espère me tromper, mais moi qui, je vous le répète, suis une femme, vous ne me semblez pas être mon ami… (et encore une fois je trouve un peu présomptueux de vous penser indispensable, ou encore d’affirmer des choses telle que: « dommage pour vous, mais moi je suis un vrai philosophe », ce qui est en outre, à mon goût, un peu puéril)
Sachez que je ne pense pas exactement ce qui se trouve dans les citations que j’ai faites, en tout cas ne le présente pas de la même manière (manière qui peut être un peu agressive chez certains, et qu’il semble que vous ayez confondu avec la mienne). Autrement je ne crois pas qu’avoir une doctrine complète en philosophie soit quelque chose de courant (cela mérite un minimum de respect). Enfin Heidegger a avoué dans l’interview qu’il a donnée à « Der Spiegel » en 1966 (Cf. Ecrits politiques, 1933-1966, par Martin Heidegger, éditions Gallimard), que la philosophie (comme il la pratiqua) ne pourrait plus avoir de rôle directement utile dans le changement du monde. Mais il a entrevu justement que le rôle le plus utile de la philosophie avait un avenir à partir des sciences (non littéraires), bien qu’écrire une œuvre philosophique nécessite des talents littéraires ; en outre il est mieux d’être scientifique et littéraire, pour pouvoir avoir un groupe de soutien au travers des œuvres de personnes mortes (ce qui est courant en philosophie) ou vivantes, et le soutien de l’histoire. Aussi le sens de cette issue scientifique est présent dans le livre de Heisenberg « La partie et le tout », relatant de sciences de la nature, de morale, de philosophie, de religion, et de politique ; sachant que l’aspect politique pourrait être très important pour l’Europe à l’heure du LHC (accélérateur de particules à la frontière entre la France et la Suisse), qui est fortement en rapport avec le travail de Heisenberg. Mais les littéraires sont-ils prêts à s’avouer historiens de la philosophie ou autre, et à laisser à ceux qui étaient scientifiques à la base le titre de penseur philosophe ; quand ils ont une doctrine digne de ce nom ?
Aussi sachant que vous ne voudriez pas passer pour un faible. Est-il possible de connaître votre identité « Harrystaut »?
Que dire ?
J’ai du mal à vous suivre, parfois. Pour faire court, on va dire que c’est parce que je n’ai pas, pour ma part, de doctrine totale. (Est ce que je mérite le respect pour autant, là est la question semble t-il !). Quant à l’identité, croyez vous vraiment que le fait de la demander à travers une menace donne davantage envie de faire connaissance ?
Monsieur le Cartésien, je ne suis pas philosophe, mais j’ai ma petite idée sur ce qu’à priori un philosophe ne devrait pas être: un faiseur de doctrines qui plient à une définition stricte, de manière artificielle et arbitraire, la diversité et la complexité des hommes et des choses.
Pensez vous pouvoir mettre le monde (naturel et social) en bouteille ?
Pensez vous que le rôle du philosophe soit de détenir réponse à tout ? Ce qui est, excusez moi d’en être sûre, tout bonnement impossible pour un être humain, à moins de prétendre, et de convaincre les autres, que l’on a échappé à cette condition, et que l’on est parvenu à saisir ce qui échappe précisément, d’une part aux mortels, mais aussi au véritable philosophe: la sagesse et la vérité.
A ce sujet, j’ai bien peur que vous fassiez la confusion entre le sage et le philosophe, le premier sait, et l’autre sait qu’il ne sait pas: si vous vous prétendez sage et philosophe en même temps, alors vous reniez le père de toute la philosophie, Socrate (auquel vous devriez le respect si vous êtes bien un de ses descendants), et, pardonnez moi ma semblante virulence, je ne fais en fait qu’une déduction logique, si vous continuez de dire que vous êtes philosophe, alors que vous n’avez plus que des réponses, et plus aucune question, vous êtes nécessairement un faussaire, et, volontairement ou non, vous faites prendre les vessies pour des lanternes.
Je suis désolée encore une fois, je ne cherche pas la bagarre, je dis juste que vous ne pouvez être à la fois une chose et son exact opposé.
Partant, à vous lire, on dirait que pour vous le véritable philosophe est un créateur, les autres (comme les enseignants en philosophie, n’est-ce pas ce que vous vouliez dire ?) ne sont que des historiens de la philosophie. Si on accepte cette typologie, il faudrait la justifier et l’affiner. Le « philosophe », le créateur, ne peut rien créer s’il n’est pas lui même un historien (et un bon) de la philosophie, à partir de quoi créerait-il quelque chose de sérieux autrement ? Et comment pourrait être sûr d’avoir innové quelque chose dans un domaines s’il ne sait rien de ce domaine, et de ce que les autres ont crée avant lui ?
Le philosophe, tel que vous semblez l’entendre, ne créer sans doute jamais rien ex nihilo: regardez, vous même, vous vous disez affilié à Descartes.
Pour ce qui est des « autres », les historiens, je tiens à dire que ce n’est tout de même pas peu de mérite que d’arriver à comprendre la pensée de Bergson par exemple, et de la restituer de façon à ce qu’elle soit compréhensible sans qu’elle ne perde rien de sa force. Après, c’est une question de point de vue peut être, mais pour moi votre typologie (qui est monnaie courante) ne tiens pas: je ne peux pas dire d’un homme qui, durant l’espace d’un cours, parvient à se hisser à la hauteur de la pensée de tel ou tel philosophe, et qui y apporte même une valeur ajoutée vu qu’il la rend accessible sans l’amoindrir, qu’il n’est pas lui-même, ne serait-ce que pendant ce laps de temps, philosophe.
Votre typologie présuppose que les historiens de la philosophie sont incapables de créer, de faire preuve d’inventivité, mais il suffit d’assister à quelques cours de philo pour que cette hypothèse soit irrémédiablement falsifiée.
Enfin, quelque part, vous sous-entendez qu’il y a de nombreuses personnes qui se prétendent philosophes alors qu’elles ne seraient en réalité que des historiennes de la philosophie. Mais comment prouver cette « imposture » ? Je crois que vous proposeriez la façon suivante: le philosophe se distinguera de l’historien en philosophie en écrivant des livres, et pas n’importe lesquels, des livres qui développeront une doctrine « philosophique » neuve. Soit, mais à la condition de se garder de croire qu’elle soit la bonne et la vraie, au fond qu’elle soit éternelle et imperfectible, car ce serait alors basculer dans, purement me semble-t-il, de l’anti-philosophie.
Autre chose, si je suis votre typologie, vous avez jusque là plutôt montré que vous êtes (ce qui peut être toutefois, ça aussi, remis en doute) un historien de la philosophie: en citant Rousseau et Montesquieu à outrance, où est votre doctrine à vous ? Et en quoi avez vous innové, ou qu’avez vous apporté à la philosophie ? (et, s’il vous plaît, tâchez de répondre clairement, sans renvoyer à votre livre ou à votre blog, ou à une autre citation)
Et cette fois, vraiment pour finir, une petite remarque: vous n’avez pas répondu à ma question, ni à celles de Monsieur Harrystaut, sur la gent féminine. Est-ce parce que vous sentez qu’il est malséant de mettre les gens en boîte ?
Et pourquoi avoir cité des passages de Rousseau avec lesquels, sans le dire, vous n’étiez pas totalement en accord ? Merci de votre patience et à bientôt.
Intéressante analyse de ce texte de Nietzsche…
A mettre en parallèle avec :
ce site de philosophie morale